11 décembre 2024

Les temps changent « Je veux un iPhone ! »

jeveux un iphone02Fini le temps où la récompense des enfants ayant obtenu de bons résultats scolaires se limitait à des tenues, des livres ou de petites « tournées touristiques » à l’intérieur du pays. Ces derniers temps, les parents doivent plutôt satisfaire le désir de leur progéniture en leur offrant des outils technologiques modernes. Téléphones portables dernier cri et disposant de plusieurs options, iPhone, iPads, tablettes numériques…, pour ne citer que ceux-là, se sont ainsi imposés comme des signes d’encouragement et de gratitude incontournables pour les efforts consentis par les élèves dans leurs cursus scolaire
Il y a quelques années, à peine deux ou trois élèves par classe possédaient ces moyens technologiques, au vu de leur prix jugés exorbitants. Mais avec l’entrée sur le marché nationale de plusieurs gammes de produits, leur acquisition est devenue accessible à une grande partie des parents. Même au prix du sacrifice parfois. C’est dire que l’introduction massive des technologies de l’information et de la communication a permis d’équilibrer le marché national en la matière et a même apporté une modification profonde de certains réflexes, classés, jadis, dans la case des traditions. C’est ainsi que le fait d’honorer un élève brillant par un cadeau a radialement changé de manière et… même de couleur. En cette période de fin du deuxième trimestre de l’année scolaire, les magasins spécialisés sont pris d’assaut par des parents en quête d’un « objet » satisfaisant et à la mesure du « génie » des élèves. « A notre époque, on se contentait parfois d’un dîner spécial ou d’une journée de détente. Et lorsque nos parents nous offraient une tenue ou un nouveau cartable, c’était le top. Mais avec cette nouvelle génération, nous sommes contraints de nous soumettre à leurs exigences. Les élèves veulent tous ces petits objets intelligents. C’est l’ère de la technologie », avoue Tahar, la quarantaine, croisé dans un magasin de vente des téléphones portables à Alger-centre. Accompagné de ses deux enfants, élèves en première et quatrième années du cycle moyen, ce père de famille tentait de dénicher des « cadeaux performants et à bon prix ». Il avoue avoir fait le tour de plusieurs magasins, sans pour autant tomber sur des iPhone conformes à son pouvoir d’achat. « Si je dois m’endetter, je le ferai. Le plus important est que mes enfants soient heureux et réussissent dans leur scolarité », avoue notre interlocuteur. « Cette petite fille âgée à peine de 12 ans veut une tablette numérique et comme je lui ai promis un joli cadeau si elle arrive à obtenir une moyenne de plus de 15/20, je dois assumer mon engagement », lance, de son côté, une dame rencontrée dans un autre magasin à Belcourt.
« Eviter
le complexe d’infériorité »
L’insistance des parents à satisfaire le désir de leurs enfants ne s’explique pas uniquement par le simple réflexe de récompense, mais est due également à leur détermination à mettre leurs enfants au même niveau que leurs camarades de classe. « Ce garçon a juré de ne plus remettre les pieds à l’école, si je ne lui achète pas un téléphones multimédia.
Il s’est toujours plaint du fait que ses camarades le qualifiaient de démodé. C’est son droit, certes, et je vais lui offrir ce qu’il veut », avoue Saïd, croisé dans le même magasin. D’ailleurs, cette période de fin de trimestre fait le bonheur des commerçants, qui renforcent leurs offres promotionnelles afin d’écouler le maximum de produits. Interrogés sur la question, certains tenants de magasins à Bab El Oued, Belourt, la rue Hassiba Ben Bouali et Didouche Mourad, à Alger, se félicitent de l’afflux massif des clients, qualifiant cette période de « la plus rentable sur toute l’année ».
Et l’argument avancé par les élèves pour faire valoir leur désir tient absolument la route, puisqu’un élève dépourvu d’un outil technologique se sent souvent inférieur par rapport à ses copains de classe, ce qui peut influer négativement même sur son rendement pédagogique. « Ma fille de 13 ans m’a dit qu’elle n’avait pas besoin de vêtements neufs, ni d’argent de poche, et qu’elle voulait seulement un iPhone pour éviter qu’elle devienne la risée de ses copines », avoue un autre client rencontré à Bab El Oued. « Elle a passé une journée entière sans manger, ni boire. J’étais alors obligé de répondre à son envie. Vous voyez, maintenant, elle est toute joyeuse », confie encore ce père de famille.
Bien plus qu’un caprice
Toute la culture de cadeaux a été chamboulée par l’arrivée des nouveaux outils technologiques en Algérie, une mutation qui s’explique également par l’attachement, sans pareil, des enfants à ces évolutions réalisées dans le domaine. « Maintenant, le cadeau ne doit plus faire partie des besoins élémentaires, comme cela était le cas dans les années précédentes, mais les enfants d’aujourd’hui tiennent à joindre l’utile à l’agréable », souligne Hacène, septuagénaire, retraité de l’Education nationale.
Une tendance qui pourra encore s’accentuer au rythme des inventions futures dans ce secteur dynamique et imposant des comportements nouveaux à chaque étape. Autre temps, autres mœurs, dit-on.

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