Certes, la technologie a permis aux citoyens de se débarrasser du « poids » des carnets, mais elle ne garantit pas la sécurité des contacts qui peuvent être perdus à tout instant. Avec les proportions alarmantes que ne cesse de prendre le fléau du vol des téléphones mobiles, personne ne peut en être à l’abri
Téléphones mobiles et micro-ordinateurs (PC du bureau ou portables) sont aujourd’hui utilisés pour garder adresses, numéros de téléphone et messagerie électronique des proches, parents, amis et des personnes avec lesquelles on a une relation de travail. Les Algériens ont donc tourné le dos aux agendas à papiers qu’ils portaient soigneusement dans leurs cartables. Ces aide-mémoires ont été même portés dans les poches des vestes, ils étaient, en fait, des documents « top secret » et « très personnels ». Mais avec la généralisation de l’utilisation des PC et des téléphones portables, ces outils « vitaux » de contacts ont été tout simplement délaissés et considérés comme des moyens dépassés par le temps. Dans le répertoire d’un téléphone mobile, on a la possibilité d’enregistrer les coordonnées des centaines de personnes, où il suffit d’ouvrir un fichier sur un ordinateur pour stocker toutes ses données. Certes, la technologie a permis aux citoyens de se débarrasser du « poids » des carnets, mais elle ne garantit pas la sécurité des contacts qui peuvent être perdus à tout instant. Avec les proportions alarmantes que ne cesse de prendre le fléau du vol des téléphones mobiles, personne ne peut en être à l’abri. Ou il suffit plutôt d’oublier cet outil de communication quelque part, pour que d’autres personnes « piratent » les données intimes, personnelles et professionnelles qui y sont enregistrées. Et comme l’écrasante majorité des Algériens sont abonnés au réseau de la téléphonie mobile, il est presque impossible de se remémorer le moindre contact perdu ! « Il y a deux mois, j’ai perdu mon mobile au niveau de la gare routière de Caroubier, à Alger. Je me dirigeais à Oran pour un entretien d’embauche et j’ai été alors contraint de rebrousser chemin, puisque toutes les coordonnées se sont envolées. Le numéro de téléphone fixe de l’entreprise, le portable du responsable avec lequel j’avais rendez-vous et même les contacts des amis qui devaient m’héberger pendant quelques jours. Je n’avais qu’à rebrousser chemin et rentrer chez moi à Sidi Aïch (Béjaïa). C’est comme si le ciel est tombé sur ma tête, je n’oublierai jamais ce cauchemar », avoue, sur un ton de dépit et d’amertume, Slimane, la trentaine, ingénieur en chimie industrielle. Voilà un exemple qui démontre, on ne peut plus clairement, le risque de s’appuyer uniquement sur la mémoire d’un téléphone cellulaire pour préserver des contacts de grande importance. « Maintenant, je devrais recommencer de nouveau. J’ai acheté un nouvel appareil, mais j’ai juré d’acheter aussi un agenda pour enregistrer tous les contacts. Il est vrai que la technologie donne la possibilité d’être léger, mais rien n’est garanti », ajoute notre interlocuteur, déterminé à revenir au « mode papier ». Samira, la trentaine, est aussi victime de cet appui exagéré sur le téléphone portable. Cette journaliste a tout simplement raté la chance d’être embauchée dans une grande entreprise de communication, en raison de la perte de ses contacts. « J’avais deux téléphones ; un pour les contacts familiaux et amicaux et un autre pour les relations de travail. Au moment où j’entamais l’entretien, le responsable m’avait demandé si j’avais un bon carnet d’adresses et de contacts. J’ai répondu positivement, mais lorsque j’ai tenté de prendre le portable, je n’ai trouvé que du vent ! Il s’est vite excusé de ne plus me retenir, car les contacts sont vitaux dans ce créneau. Le vol de ce portable était une grande malédiction pour moi et m’a porté un lourd préjudice », témoigne-t-elle.
Si un téléphone portable peur faire l’objet de vol, les contacts conservés dans des fichiers Word ou Excel sur un ordinateur ne sont pas à l’abri d’un « piratage prémédité ». La concurrence au milieu professionnel, notamment chez les commerciaux bénéficiant de pourcentages sur chaque produit écoulé, tourne ainsi à des scènes de vol perpétrées par des collègues. « Dans ce genre de métiers, où même la promotion est liée au volume de ventes réalisées, les contacts de clients et surtout de grandes entreprises sont d’une extrême importance. Moi-même, j’ai été victime de vol de mes coordonnées. En l’espace d’une semaine, des employées qui venaient de commencer ont obtenu de meilleures performances que moi ! J’ai beau tenter d’expliquer aux responsables la situation, mais en vain. J’ai donc opté pour une autre société, mais cette fois-ci, je garde toutes les coordonnées dans un bloc-notes que je préserve avec une extrême vigilance », avoue Smail, agent de télémarketing dans une boîte étrangère. Des témoignages similaires ne manquent pas et les professionnels de vente commencent à prendre conscience de la nécessité d’accorder une importance particulière à une préservation judicieuse et sécurisée de leur répertoire de contacts. Et la question ne se limite pas au plan professionnel, mais concerne également la vie privée des citoyens. Car un répertoire perdu nécessite beaucoup d’efforts et de temps pour le reconstituer, et parfois il est même impossible de se réapproprier tous les contacts. « J’ai prié le voleur qui m’a subtilisé mon téléphone pour me rendre seulement la puce où sont enregistrés tous mes liens. Je lui ai même proposé une bonne somme d’argent, mais il m’a répondu qu’il avait peur d’être déclaré aux services de sécurité, avant de fermer carrément le téléphone. Maintenant, je dois solliciter tous mes amis et proches pour récupérer au moins quelques numéros », déplore Hacène, la quarantaine, cadre moyen dans une administration publique. « Maintenant, j’écris tout sur mon agenda personnel, j’a bien appris la leçon », révèle-t-il. Certains opérateurs ont flairé le filon afin de proposer des services à valeur ajoutée qui consiste à faire une copie des répertoires contre un abonnement. D’ailleurs, depuis un moment, Mobilis s’en était même targué d’avoir l’exclusivité et il est vrai qu’un tel service est salutaire.