21 mai 2025

Faites des cures de «curation», ça vous fera du bien !

cnetavecvousIci, dans ces mêmes colonnes où c’est toujours Net @vec vous, il fut déjà question du surprenant verbe serendipiter. De ce plaisir de surfer sur la Toile, au gré de ses besoins et de sa bonne humeur. La sérendipité est donc le fait de réaliser une découverte inattendue grâce au hasard et à l’intelligence, au cours d’une recherche dirigée initialement vers un objet autre que cette découverte. Résultat inespéré obtenu, comme qui dirait, par effet collatéral. C’est comme si vous étiez allés cueillir des champignons dans le sous-bois humide pour revenir avec des truffes en prime ! Mais, cette fois-ci, surprise de l’apprentissage continu des Tic par le chroniqueur, la sérendipité aboutit à « curation » et « curators ». Rassurez-vous, il ne s’agit pas de médecine, encore moins de soins tel que le suggère le mot lui-même. On est bel bien dans les TIC et en parfait accord avec l’esprit même de la chronique. La curation, pour être net avec vous, consiste donc à sélectionner et éditorialiser en ligne les contenus les plus pertinents et à les partager. Une pratique rendue nécessaire par l’explosion exponentielle des flux et du volume des informations, par la nécessité d’en trouver toujours plus rapidement qui soient pertinentes ou stratégiques. Facilitée par l’usage des médias sociaux et l’émergence de nouveaux outils, cette activité a été baptisée par les Américains : curation ou Content Curation. C’est fait par analogie avec la mission du curator, le commissaire d’exposition chargé de sélectionner des œuvres d’art et de les mettre en valeur pour une exposition. Les termes curation et curator prennent leurs racines étymologiques dans le latin cura, le soin. Dans la langue française, le terme curation est apparu tardivement. Après l’e-Réputation et le Community Management, il connaîtra alors la bonne fortune en étant le  buzzword de l’année 2011. Grâce à l’Internet, les formes de partage se sont diversifiées, avec notamment les newsgroups, le ftp, le P2P… et le Web 2.0 a libéré et densifié la parole des internautes : blogs, wikis, forums de discussion, réseaux sociaux… En même temps, le volume d’informations n’a cessé de croître de façon ahurissante. Très tôt, le besoin d’outils pour retrouver le contenu qui fait sens est devenu un impératif. C’est alors l’ère des grands moteurs de recherche tels Alta Vista, Yahoo!, Google, Bing… qui perdure encore, pour le bonheur monopolistique de Google. En 2008, le moteur de recherche américain indexait déjà plus d’un trillion de pages. Selon certains experts, le volume des données sur le web doublerait toutes les 72 heures. Entre spams en rafale, informations fausses, contenus redondants ou sans aucun intérêt, il devient de plus en plus difficile et même coûteux de faire des courses fructueuses et de trier le bon grain de l’ivraie. Parmi les sérendipiteurs et autres geeks passionnés d’information, on a commencé à identifier des experts dans des domaines spécifiques, capables de dénicher des informations exclusives, des contenus pertinents ; en mesure également d’enrichir ces contenus de leur expertise avec un commentaire pertinent, une recommandation argumenté, un avis intéressant; à même enfin de mettre en scène ce contenu avant de le partager. Ainsi sont nés les curators. Mais avant que le néologisme curation ne soit consacré par l’usage courant, il y a eu quelques tentatives de coller une étiquette aux passionnés du moment. En 2004, l’Italien Robin Good définissait déjà le rôle du Newsmaster, précurseur du curator. De son vrai nom Luigi Canali De Rossi, ce romain déjanté mais pas bête du tout est devenu totalement indépendant en 1999 en éditorialisant et en partageant en ligne ses propres centres d’intérêt, grâce à son projet MasterNewMedia. En 2009, 600 000 visiteurs uniques par mois et plus de 2000 000 de pages vues par mois et en quatre langues, s’il vous plait ! En 2008, Kweeper inventait le Social-Heapcasting. Application à mi-chemin entre Twitter et Facebook, un dôle de truc, à la fois micro-blog et lien social inventé par un jeune informaticien lyonnais, Charles Elé. Un soir, ce technoWeb se pose cette interrogation « et si je développais un outil qui permettrait à tout un chacun, en 2 clics de récupérer une phrase, une citation, un morceau de texte sur le net et de le faire imprimer sur le support de son choix ? ». Le concept du « Heapcasting » est ainsi né : Heap (entasser, stocker, regrouper), keep (garder) et Broadcast (diffuser, partager). Simple comme une TIC. En septembre 2009, le célèbre blogueur et podcasteur américain Robert Scoble de TechCrunch lance, lui, un appel aux start up : Une nouvelle opportunité à un milliard de dollars : la curation en temps-réel. Dans la foulée, un autre américain, Rohit Bhargava, roi du SMO (Social media Optimization), publie un Manifeste pour le Content Curator. Le mouvement est ainsi lancé aux États-Unis. Tout un écosystème se crée alors pour satisfaire une demande subitement croissante. On dénombre aujourd’hui plusieurs dizaines d’outils et de plates-formes de curation. Bon nombre d’acteurs qui travaillaient dans l’agrégation de contenu, le bookmarking social ou la mise en page de contenu se sont raccrochés au TGV de la curation et ont adapté leur offre. Dans ce foisonnement incroyable, une tendance émerge : la curation automatique. Objectif simple : générer automatiquement une page web avec une mise en page attractive à partir de sources présélectionnées. Ainsi, le curator, vous peut-être, est-il quelqu’un qui traite, évalue, contextualise, met en perspective, enrichit et rediffuse l’information. Exactement le chaînon manquant des dispositifs Entreprise 2.0. Alors, elle est pas belle la vie en TIC ? Soyez en convaincus alors et faites des cures de curation, ça vous fera beaucoup de bien, parole du chroniqueur, lui-même curator amateur, pour vous servir. Et c’est toujours Net @vec vous !

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