Alors que Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des TIC, préside la réunion commission nationale de large bande haut et très haut débit et lui demande de parvenir à la mise en place de nouveaux mécanismes à même de permettre de développer le haut et très haut débits « au profit des entreprises nationales et des citoyens », l’opérateur Telesis Tanzania lance le haut débit mobile 4G LTE pour dynamiser le développement économique en Tanzanie. La différence entre les deux pays : la Tanzanie déploie des plans de développement concrets, alors qu’en Algérie, on n’arrête pas de faire des annonces. Combien de fois a-t-on annoncé par exemple le lancement de la 3G ? Une fois, on nous dit que ce sont les opérateurs qui ont demandé le report. Une autre fois, on nous affirme que c’est à cause de « l’affaire Djezzy » qui est gérée de surcroît avec le maximum de manque de transparence. Nous l’avons déjà mis en évidence : faut-il aller jusqu’à créer une commission pour booster l’Internet en Algérie comme s’il s’agissait d’envoyer la première fusée algérienne sur la Lune ? « Quand je veux enterrer un problème, je crée une commission. » Cette boutade attribuée à l’homme d’Etat français Georges Clemenceau semble plus que jamais d’actualité. Pour régler les affaires courantes ou gérer les situations exceptionnelles, les pouvoirs publics ont depuis longtemps recours aux groupes de travail, comités et autres commissions comme outils de stratégies purement dilatoires. Un symptôme sur le manque de vision et surtout le manque d’anticipation. Dans le même contexte, le ministre a reçu en début de semaine Arnaud Montebourg, ministre français du Redressement productif. Dans une conférence de presse expéditive, le ministre français reste dans le vague, distillant des phrases généreuses qui n’engagent à rien. Il invite l’assistance à « imaginer une nouvelle aire entre les deux pays ». « Un voyage politique et affectif », dira-t-il surfant sur ses origines algériennes. Pour lui, « nous avons les mêmes problèmes en France et en Algérie, à savoir une trop forte dépendance aux hydrocarbures, vous du côté producteur et nous du côté consommateur. Les deux pays ont souffert de la mondialisation et perdu des emplois industriels ». Il manie le verbe et le ton pour séduire. Il joue sur la corde sensible des Algériens. En aparté, le ministre français a dû donner quelques ficelles à son homologue algérien pour passer du discours trop répétitif de la réforme et qui ne fait plus réagir à celui du redressement en vogue. Et autant dire que le secteur des TIC en a fortement besoin. L’Algérie est loin de vaincre la fracture numérique au niveau national, et la volonté politique (affichée certes en toute circonstance) doit aller plus loin, c’est-à-dire passer du discours à la réalité. Les projets lancés sont assimilés à des initiatives timides. Il faut encore dans ce domaine s’inspirer de ce qui se fait ailleurs. La crise de confiance entre Algérie Télécom et ses abonnés est totale et ce n’est pas en réactivant les lignes suspendues en mode réception durant les fêtes qui va arranger les choses. Algérie Télécom communique mal, même très mal. L’opérateur oublie souvent qu’il est investi d’une mission de service public. Dans un autre registre et en faisant un tour sur le Net, nous constatons que les formations politiques en lice pour les prochaines élections locales accordent peu d’intérêt au Web. Plusieurs nouveaux partis récemment agréés n’ont toujours pas de sites officiels en dépit des facilitations accordées pour être présent sur cet outil de communication. Pourtant, cela peut constituer un moyen de débattre des idées concrètes proposées pour l’Algérie. Des idées réfléchies et conçues en commun, dans un cadre informel, en réponse aux problématiques et aux contraintes vécues quotidiennement par tous les citoyens.