« Enfin, ils ont viré ! » La nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre. A quelques jours de l’Aïd El Fitr, c’est la ruée vers les bureaux de poste et les banques. A l’intérieur de ces établissements, on se bouscule, on se marche sur les pieds mais ce n’est pas trop grave. Il y a de la joie dans les regards et sur les visages. Certains ont déjà des projets dans la tête et la liste des achats de vêtements pour les enfants. Après des heures d’attente, de bousculades et de vives protestations contre quelques agents aux gestes trop lents et mécaniques, contre les ordinateurs qui tombent de temps en temps en panne, on encaisse les chèques. A l’approche de chaque fête religieuse, c’est la même ambiance qui règne malgré les assurances d’Algérie Poste. Cette situation est expliquée officiellement par un regain d’activité au niveau des établissements postaux engendré par le décalage du planning des virements de salaires suite aux nombreuses demandes formulées par les organismes, les entreprises et la CNR pour avancer le versement des salaires et pensions. Les dispositions prises pour atténuer la pression ne sont pas toujours efficientes. L’afflux exceptionnel fausse tous les calculs et les prévisions. Alors que sous d’autres cieux plus cléments, on n’a plus besoin de sortir sa carte bancaire ou son portefeuille pour régler ses achats en magasin car le téléphone mobile est devenu un nouveau moyen de paiement, en Algérie, on en est encore à l’élaboration des textes réglementaires pour le paiement par carte interbancaire dans les commerces, selon la SATIM ! Nous courons toujours le risque d’être en retard d’une révolution. Pour l’instant, le contrat établi avec le commerçant fait « force de loi » en attendant la sortie de ces textes. Il faut signaler que grâce au paiement par carte interbancaire, il n’est pas possible d’échapper à la traçabilité des transactions commerciales, ce qui oblige les commerçants à déclarer leurs chiffres d’affaires réels. Mais tous les commerçants sont-ils preneurs ? On en doute un peu car au niveau du marché El Hamiz ou « Doubaï », on ne l’entend pas de cette oreille. Pas de chèque, pas de carte bancaire, ici, seul le cash est roi du négoce à l’ombre de la loi. Alors, on est curieux de savoir avec quel argument les autorités gouvernementales vont inverser la tendance. A moins que cette information ne soit encore qu’un effet d’annonce. D’autre part, cette semaine a été aussi caractérisée par un tir groupé contre l’ARPT. D’aucuns n’hésitent à franchir le pas pour dire que dix ans après son ouverture à la concurrence, le secteur des télécoms est en panne de stratégie. La 3G est reportée de date en date, Internet se contente d’un débit modeste, la téléphonie mobile reste prisonnière de la voix, e-Algérie est de moins en moins la référence des décideurs et pour boucler la boucle un MPTIC avec un ministre intérimaire qui ne peut prendre aucune décision stratégique se contentant d’expédier les affaires courantes. D’autre part, Joseph Ged, directeur général de Nedjma, persiste et signe pour dire lors d’une soirée étoilée qu’il y a « nécessité de rééquilibrage du marché ». Pour lui, la situation est telle que les investisseurs ne savent pas où aller l’année prochaine et « comment dans ce cas planifier quoi que ce soit ». Faut-il attendre « Leïlet El kedr » pour voir plus clair, ironisent les plus sceptiques. Ils se consolent comme ils peuvent : ça bouge un peu quand même, ce qui se disait tout bas il n’y a pas si longtemps est sur la place publique. Feuilleton à suivre après l’Aïd avec du suspense, des rebondissements et…d’autres effets d’annonce.