8 septembre 2024

La machine grince: Un écosystème télécoms à (ré)inventer

Le marché des télécommunications est un écosystème complexe où interagissent de nombreux intervenants. Pour mettre en commun l’ensemble de ses ressources et pouvoir les régler, soit donner à chacun ce qu’il veut dans les limites de ce que les autres veulent aussi, il a été décidé de créer une agence dénommé Autorité de régulation de la poste et des télécommunications.
Depuis plus de douze ans, suite à la loi 2000-03, s’est enclenché un processus de libéralisation et d’ouverture à la concurrence du marché des télécommunications. Après plus d’une décennie, on pourrait ainsi croire le système rodé par l’évolution technologique, tel un automatisme vertueux, guidant naturellement le marché vers le très haut débit porté par la concurrence saine et l’innovation aussi bien technologique que commerciale. Il n’en est rien. Et ce constat a été fait dans un premier temps par le PDG de l’opérateur historique Mobilis repris par l’opérateur mobile Nedjma car cela ne fait que souligner un peu plus l’importance capitale pour le développement d’un marché des télécoms ouvert et efficace, d’une concurrence équitable et dépourvue de toute discrimination.Malheureusement, la révolution télécoms en Algérie, portée par le manque de lignes téléphoniques fixes et par l’Internet, peine à se concrétiser alors que cela représente pourtant une chance d’améliorer la productivité des entreprises et le quotidien de plus en plus « numérique » des particuliers. Juste pour l’anecdote, il a suffi à l’opérateur mobile Nedjma de lancer une campagne pour des clés USB à 1 000 dinars pour qu’il y ait un engouement extraordinaire bloquant carrément les boutiques Nedjma. « Un grand engouement a caractérisé cette offre en moins d’une dizaine de jours », nous dit Ramdane Djazaïri, responsable de communication auprès de Nedjma, qui précise également que les chiffres globaux seront communiqués plus tard. Selon des indiscrétions,  ces « chiffres » se compteraient en plusieurs centaines de milliers. Il se pose alors une question : tout le monde parlait de saturation de demande d’Internet ? On voit bien sur le terrain qu’il n’en est rien. « On en est vraiment qu’au début », nous dit un expert en télécoms voulant garder l’anonymat car, ajoute-t-il, « si l’ARPT avait fait son travail, il y aurait aujourd’hui au moins 5 à 6 millions d’abonnés ». L’engouement des populations pour les nouveaux modes de communication (téléphone mobile, Internet, SMS, messagerie instantanée, Internet) prouve le désir de sortir de l’isolement et d’évoluer dans le monde nouveau des technologies.Le marché des télécommunications pour tous les opérateurs est donc loin d’être clair et transparent. En effet, le  succès du mobile ne doit pas occulter les difficultés persistantes qui minent la création d’entreprises, de l’innovation et le développement pour le particulier et pour le professionnel. Cinquante ans après l’indépendance et douze ans après la création de l’ARPT, il n’existe pas en Algérie une société de services en télécoms qui permet de faire des études ou des audits pour le compte de l’ARPT ou d’autres services pour les entreprises ou le gouvernement. Tout le monde comprend que l’Algérie est un pays de 2 millions de kilomètres carrés dans plus des ¾ sont un désert mais personne ne comprend qu’avec 37 millions d’habitants, un plan de développement de plus de 300 milliards de dollars, une ARPT, il y ait aussi un désert d’entreprises d’audit ou d’étude dans le domaine des télécoms et de l’Internet.Aujourd’hui, notre pays a besoin du déploiement de cette technologie essentielle qui permettra de résorber la fracture numérique et de développer des services qui ne sauraient exister sans le potentiel technologique porté par les nouveaux opérateurs de l’Internet.En termes d’ISP en Algérie, il ne reste que 3 privés -Anwarnet, Icosnet et Slc- et un public- Algérie Télécom. Comme Gutenberg a changé le monde avec la naissance de l’Imprimerie, l’Internet est en train de changer la face du monde et les réseaux électroniques transforment radicalement la manière dont les gens consomment, vivent, communiquent ou s’instruisent. Pour cela, il faut des opérateurs qui puissent entrer en concurrence mais la concurrence n’est pas une fin en soi. Elle a pour objectif de fournir aux consommateurs, particuliers ou entreprises, une meilleure qualité de services à de meilleurs prix et une diversité de services répondant à leurs attentes. Dans nos pays, la concurrence ne vaut que si elle est un facteur de développement du marché et de l’économie ainsi que la création d’un écosystème. Le régulateur, dans ses avis et décisions, s’attache à favoriser l’emploi et l’innovation des entreprises du secteur en préservant un environnement favorable à leur compétitivité. C’est cela sa finalité et fermer une entreprise doit être la dernière éventualité.
L’Algérie resterait-elle
en marge de la société
de l’information ?
En ce début du XXIe siècle, force est de constater que le réseau des réseaux est un enjeu majeur de l’ère de la numérisation des échanges entre les peuples et les nations de ce petit village qui s’appelle la Terre. En effet, le mariage de l’informatique, de l’audiovisuel et des télécommunications a entraîné une révolution informationnelle, en même temps qu’une globalisation de la société désormais obligée de fonctionner à l’universel. Ce passage à la société de l’information et à l’économie de la connaissance est indispensable pour que l’Algérie tire le meilleur parti des technologies numériques et de l’Internet en termes de croissance durable, d’accroissement de la productivité et de la compétitivité, de création d’emplois et de progrès social et sociétal. Il est indispensable de disposer de nouvelles applications et de contenus pour faire en sorte que la société de l’information profite à tous. Il est désolant de constater que pratiquement l’Algérie est le seul pays où l’ingénieur informaticien est au chômage alors que l’on se l’arrache ailleurs même avec la crise. La révolution numérique qui est là et que l’on observe est ainsi un moyen qui permet d’atteindre un objectif de développement et que cette révolution numérique a permis la convergence de deux domaines autrefois distincts, celui de la télécommunication et celui de l’informatique générant de nouveau paradigmes d’enseignement et d’apprentissage, mais aussi de citoyenneté et de bonne gouvernance.
Le monde autour de nous ne nous attend pas car les réseaux sont devenus intelligents et les ordinateurs communicants car l’Internet constitue un important levier de la modernisation des institutions et de la vie économique. Dans tous les pays du monde on ne parle que de e-gov, e-commerce, e-santé et d’autres mais ces enjeux sont conditionnés par la mise en place d’infrastructures fiables capables de véhiculer et de permettre de connecter l’ensemble ou presque l’ensemble de la population et pour cela il est primordial de disposer d’un réseau de télécommunications qui soit en adéquation avec les standards nécessaire pour le transport et l’acheminement des communications et des numérisations.Pour aboutir à cela, la préoccupation de l’aménagement du territoire doit être présente dans les décisions du régulateur, comme par exemple favoriser la couverture fixe et mobile et aussi étendre le haut débit dans les zones peu denses car cela permet de stabiliser la population et de pouvoir créer des zones de développement. Enfin, pour que la régulation soit équitable, il faut qu’elle soit assurée en toute indépendance à l’égard des différents opérateurs présents sur le marché. En matière de régulation, indépendance n’est cependant pas synonyme d’arbitraire.

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