La semaine dernière aura été rythmée par la grande polémique sur le marché de la téléphonie mobile en Algérie mais surtout par la remise en question du rôle de l’ARPT. Les déclarations se sont multipliées, suivies de mises au point. De quoi rythmer un peu les journées ramadhanesques qui s’écoulent doucement, très doucement. Que doit-on retenir de tout ce remue-ménage ? Pas grand-chose malheureusement car on a l’impression qu’on tourne en rond. Chaque opérateur défend sa chapelle et veut dribbler ses concurrents. On est loin d’un débat serein et franc sur le « rééquilibrage du marché ». Il y a une telle charge émotionnelle que l’essentiel est ailleurs. Le PDG de Mobilis déclare clairement à l’APS que l’objectif de Mobilis en termes de parts de marché est possible à atteindre notamment si l’autorité de régulation intervient, comme « il se fait de par le monde pour équilibrer le marché et empêcher la domination de l’un des opérateurs ». Il a dit des vérités qui fâchent mais des vérités quand même qu’on ne peut plus mettre sous le boisseau. Il le dit de façon diplomatique mais il le dit quand même. L’ARPT ne joue pas son rôle de régulateur comme ses semblables dans le monde. Et il y a bel et bien un opérateur dominant même s’il n’est pas cité nommément. L’ARPT est aujourd’hui en pleine tempête, en plein brouillard et dans une impasse. La téléphonie mobile en Algérie est un beau succès mais simplement par la multiplication des cartes Sim et des promotions qui ouvrent l’appétit à la consommation d’unités. La téléphonie mobile se limite à passer des appels durant le mois de ramadhan aux proches et amis. La ménagère l’utilise pour appeler une cousine afin de lui dicter les ingrédients d’un plat. Remarquez les messages véhiculés dans les spots publicitaires. Parler, encore parler, mais ou est la data, où est Internet, où est le porte-monnaie électronique ?
Nedjma a tenté d’innover en lançant l’Internet mobile « Nedjma Net ». Une manière de croire en sa bonne étoile et de signer un pacte d’alliance avec le hilal. Mais ça reste des initiatives limitées qui ne projettent pas l’Algérie dans la « société de l’information » et encore moins dans celle « du savoir et de la connaissance ». E-Algérie est dans ce contexte là un vague souvenir, un vestige, un document jauni, des mesures jamais appliquées.
Et pour noircir le tableau, les opérateurs Wimax (Anwarnet, Icosnet et SLC) montent au front pour protester contre l’institution d’une nouvelle redevance qui sera synonyme de leur arrêt programmé. Encore une fois, l’ARPT est désignée du doigt. Ils mettent en évidence la disparition de la quasi-totalité des ISP (fournisseurs d’accès à Internet), l’absence d’offres concurrentielles pour le grand public et les tarifs d’accès à Internet parmi les plus élevés au monde.
Mais face à toutes ses critiques, les pouvoirs publics ne réagissent pas comme si ce débat a lieu dans un autre pays. Après tout, le MPTIC est en sursis, sans ministre à temps plein pour donner au moins sa version. Mais diront certains sceptiques, on a eu une succession de ministres, chacun a voulu apporter sa touche mais au fond, il n’y a eu que des discours.
Les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer, à quel taleb faut-il s’adresser, à quelle zaouia faut-il aller. Certains boivent du thé chaud et fument le narguilé sous une kheïma traditionnelle. Peut être l’espoir viendra-t-il après l’Aïd?