Saad Damma, le PDG de Moblis, veut avoir les moyens de sa politique, permettre à l’entreprise dont il est responsable de se repositionner dans un marché fortement concurrentiel, dans un environnement pas tout à fait sain, ainsi que le laisse transparaître le patron de Mobilis. Aussi, celui-ci recommande que le marché de la téléphonie soit à l’équilibre, parce qu’il ne l’est pas actuellement.
Mobilis a de l’ambition et il va le faire savoir ; son nouveau PDG, Saad Damma, annonce deux milliards de dollars d’investissement sur cinq ans. C’est colossal ? Oui et non car cela ne fait que 400 millions de dollars par an sachant que nous allons aller vers la 3G et après vers la 4G. Aussi, celui-ci recommande que le marché de la téléphonie soit à l’équilibre, parce qu’il ne l’est pas actuellement. C’est cet environnement qui fausse le jeu, mettant en difficulté des opérateurs, favorisant d’autres. Et cela, le PDG de Mobilis l’a intégré dans sa stratégie. La reconquête du marché (45% de parts en perspective) relève du possible, du réalisable, à condition que l’Autorité de régulation (ARPT) intervienne et joue le jeu, comme cela se fait de par le monde, pour rééquilibrer le marché et empêcher la domination de l’un des opérateurs, allusion faite à Djezzy. Mobilis n’est pas le seul à avoir demandé à l’ARPT de mettre plus de cohésion et d’équilibre dans le marché de la téléphonie. Depuis 2007, Wataniya Telecom Algérie (Nedjma) sollicite l’adoption par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) de mesures réglementaires destinées à assurer le « rééquilibrage » du marché de la téléphonie mobile. Dans un communiqué rendu public aujourd’hui (lundi 23 juillet), il est écrit : « Aujourd’hui, Nedjma partage avec Mobilis ses déclarations officielles qui soulignent que l’intervention de l’ARPT est un élément clé de sa stratégie globale dans la mesure où elle est indispensable pour pallier le déséquilibrage actuel du marché ». Pour Nedjma, le rééquilibrage du marché permettra en effet de garantir les conditions d’une « concurrence loyale » et empêchera « tout abus » de position dominante, position occupée par « Orascom Telecom Algérie depuis 2002 », écrit-il. Malgré ce déséquilibre du marché, Nedjma se maintient autour de 30% de parts de marché. Nedjma a réalisé de bons résultats pendant le premier trimestre 2012. Avec 219,7 millions de dollars au premier trimestre 2012, Nedjma progresse de 21% par rapport à la même période 2011 durant laquelle ont été obtenus des revenus équivalents à 181,6 millions de dollars. Ses investissements ont augmenté de 178%, passant de 27,3 millions de dollars au 4e trimestre 2011 à 76 millions de dollars au premier trimestre 2012. Outre les questions d’ordre concurrentiel, Mobilis met également en relief des contraintes liées au code du marché. Son PDG a raison de dire qu’il n’est pas normal qu’une offre de marché ne dépassant pas 100 000 dollars passe par un avis d’appel d’offres ouvert. Cela ne veut pas dire que Mobilis veut s’affranchir de contrôle. Damma propose un contrôle a postériori, ce qui est logique, et beaucoup de pays le pratiquent. Et puis, une entreprise de téléphonie évolue dans un secteur particulier, sensible où chaque opérateur fait en sorte que ses solutions, ses innovations, ne soient pas divulguées et qu’elles doivent être mise en œuvre très rapidement. Mobilis, parce que soumis au code des marchés, se voit, lui, obligé de mettre à jour les solutions qu’il souhaite acquérir, car il va les formaliser dans un avis d’appels d’offre qui sera public. Ces dix dernières années, la réglementation du secteur des télécommunications a été profondément remaniée dans notre pays avec la sortie de la loi 2000-03 dite loi des télécoms. Pour que le processus de libéralisation réussisse, il faut un régime réglementaire transparent qui permette l’avènement d’une concurrence véritable, tout en veillant efficacement aux autres intérêts publics. Avec l’explosion de l’usage de l’Internet et les retombées économiques positives que pourrait amener le développement de l’économie du numérique, les enjeux du développement de l’infrastructure de télécommunications sont encore plus considérables. Enfin, pour bien comprendre, il faut savoir que lorsque les rendements sont constants ou croissants, les opérateurs sont naturellement incités à grossir afin de réaliser des économies d’échelle, ce qui tend à la concentration, et l’équilibre d’un tel système est une situation de monopole où il ne reste plus qu’un producteur. Néanmoins, dans le but de protéger le consommateur des abus, les institutions politiques à travers les Autorités de régulation s’opposent à la constitution de tels monopoles, de même qu’elles interdisent l’abus de position dominante, et s’opposent aux ententes abusives. Une fois cet équilibre atteint, les opérateurs peuvent se livrer une concurrence féroce. C’est ce que demandent Mobilis, et maintenant Nedjma, à l’ARPT. Seront-ils entendus ?
A SAVOIR
Rééquilibrage des tarifs
On dit que les tarifs sont « déséquilibrés » lorsque le prix de l’abonnement et les frais d’accès aux services (ou plus généralement le prix de l’accès) ne suffisent pas à couvrir les coûts, lesquels peuvent être partiellement couverts par des bénéfices sur les communications. Le rééquilibrage des tarifs de télécommunications renvoie généralement au processus consistant à augmenter le montant des abonnements par rapport au prix des communications jusqu’à ce que les abonnements couvrent les coûts de fourniture de la ligne d’abonné – mesurés de manière appropriée, coût du capital compris.