11 décembre 2024

Nassera Merah, sociologue : « Le langage TIC n’est pas une menace pour le langage populaire »

IT Mag : Les concepts d’Internet et de la téléphonie mobile ont envahi le langage de la jeune génération. Comment expliquez-vous cette mutation et reflète-t-elle l’attachement des nos jeunes aux TIC ?
Nassera Merah : Les changements arrivent par et avec les jeunes. Les mutations arrivent également avec la technologie qui constitue le facteur essentiel du développement de toutes les sociétés. Il ne faut pas s’étonner, aujourd’hui, de voir les jeunes utiliser le langage tiré des nouvelles technologies, alors que leurs aînés avaient, pour leur part, introduit des mots nouveaux  avec l’arrivée de produits inexistants à l’époque.
Imaginez les vieux qui ont entendu, pour la première fois, le mot automobile au lieu de carrosse ? Les mutations ne peuvent donc être évitées ou contournées surtout qu’on vit actuellement dans un contexte de globalisation à tous les niveaux.
Il y a aussi de grands malentendus entre les jeunes et les personnes âgées. Ces derniers ne comprennent pas le nouveau vocabulaire des jeunes et les accusent même de délaisser la culture locale. Un commentaire…
Il n’y a pas que le langage verbal des jeunes que les vieux ne comprennent pas. D’ailleurs, les jeunes font exprès d’utiliser un langage non conventionnel pour se démarquer de leurs aînés et se réfugier dans leur propre monde.
Il s’agit d’affirmer une nouvelle tendance conforme à leur attachement aux TIC.
En fait, les personnes âgées oublient qu’ils ont été jeunes et ont fait pareil. Il est vrai que le conflit existe bel et bien, mais les personnes âgées devraient comprendre l’attitude des jeunes qui ne peuvent rester en marge des évolutions.
Y a-t-il vraiment un danger sur la culture algérienne et la perte de repères linguistiques locaux ?
Le danger sur la culture locale ne réside pas dans l’enrichissement du langage par les jeunes mais par la rigidité des esprits conservateurs.
La perte des repères est provoquée non par les jeunes mais par le refus de la culture populaire telle que les jeunes la conçoivent avec toutes les mutations du siècle.
J’estime que l’introduction de nouveaux termes dans la communication orale n’est pas une menace pour le langage conventionnel, mais cela pourra, au contraire, mener à l’enrichir.

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