Tout compte fait, la «surenchère» ne se limite pas aux seuls étals de fruits et légumes. D’autres segments insoupçonnés de «l’économie» subissent, eux aussi, des variations qui ont leurs propres causes et qui leur sont vraiment propres. Si la pluie et le beau temps prédestinent, en partie, à la mercuriale des produits agricoles ; le prix du «divertissement» obéit, lui, à une tout autre logique. Depuis la fermeture du site de partage et de streaming vidéo MegaUpload et la chute de différentes plateformes similaires dans son sillage, CD et DVD de films, de musique, de jeux ont connu une envolée des prix. Différentes places connues pour afficher ostensiblement le «larcin» du direct download ont à peu près ceci de commun qu’on croirait que le mot s’était donné de revoir les prix à la hausse. Quelques mois auparavant, à 50 DA le CD gravé et à 80 ou 100 DA le DVD; le chaland avait l’embarras du choix et en était presque à snober les films récemment sortis car préférant les voir directement chez lui en streaming ou, tant qu’à faire, les télécharger. Mais c’était avant l’affaire «MegaUpload». Maintenant, «on s’ennuie le soir chez soi, on se demande ce qu’on pourrait bien faire», pour reprendre les propos de T. Ifticène, interrogée sur la question. Cette comptable avait pour habitude de regarder films et séries en streaming. A 100 DA le CD et à plus de 150 DA ; voire 250 DA le DVD actuellement; les revendeurs spécialisés, et même en boutiques d’ailleurs, ont senti le filon dans la mesure où les sources de téléchargement sont devenues de plus en plus rares. Donc ; «le marché obéit à ses propres considérations».
Lesquelles, demandons-nous. «Là je vends des produits de mon édition. J’ai payé un accès à un FTP alors je télécharge soit des films, soit des jeux ; tout dépend» ; réponds Djamel R., propriétaire d’un magasin de produits multimédias. Tout dépend de quoi ? «De ce qui est disponible au téléchargement et très souvent ce sont mes clients qui orientent mes choix en me demandant si je possède tel ou tel titre. » Chez lui, les prix n’ont pas changé depuis qu’il a mis tous ses DVD à 150 DA. « Là ça fait un moment que j’ai déjà téléchargé tout ça. Ça ne m’apporte rien de modifier les prix. » Mais sur un étal à Alger, le revendeur n’a pas le même discours. « J’utilise les torrents. Les titres des films les plus récents sont un peu plus compliqués à trouver, du moins ceux en français mais il devient de plus en plus dur de dénicher le bon film avec la bonne qualité » ; relate-t-il, ne souhaitant pas donner son identité. Et pour les autres ? Tous les autres ? Il reste encore des alternatives quelque peu casse-tête ; des alternatives avec pour nom « Rutube.ru » ou simplement Youtube ; encore que la qualité souhaitée et même la langue sont souvent, par dépit, sacrifiées. A vrai dire, c’est ça ou… rien !