En plein salon du Sicom, Mme Derdouri, présidente de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), s’en est allée en croisade contre les offres prépayées des opérateurs de téléphonie mobile. A ses yeux, il faut stopper l’hémorragie et opter pour des offres post-payées (par abonnement). Par ce revirement, elle veut mettre de l’ordre dans un marché anarchique où les puces se vendent sur la place publique et où les clients changent d’opérateurs comme on change de chemises. Deuxième argument : le prépayé fausse tous les calculs à telle enseigne que « les chiffres sont faux ». De plus, croit-elle savoir, le post-payé fidélise les clients alors que le prépayé favorise le passage d’un opérateur à un autre au gré des promotions qui ont fleuri ces derniers temps et particulièrement pendant le ramadhan, où les opérateurs ne font pas abstinence du lucre !
Mais pourquoi avoir attendu jusqu’en 2012 pour monter au front et vouloir inverser la tendance. Les opérateurs, diplomates, n’ont pas voulu tellement commenter cette décision. Les rares réactions, plutôt des murmures, se sont exprimées dans les couloirs mais aucun communiqué officiel. Changeons de décor et d’ambiance. Des journées d’études sur le développement de contenus en Algérie : enjeux et perspectives ont réuni plusieurs conférenciers au cyberparc de Sidi Abdellah. Voici un thème important mais qui tombe comme un cheveu dans la soupe. L’Algérien souffre encore d’un débit Internet modeste qui ne lui permet pas de surfer à l’aise et encore moins aller consulter régulièrement le site « elmouwatin.dz » ! Nos institutions sur le Net sont une goutte d’eau dans l’océan du Web.
La mise à jour des informations et la maintenance ne sont pas régulières. Le citoyen en est encore au stade du rêve : il voudrait tellement remplir des formulaires en ligne pour constituer ses dossiers, payer en ligne ses factures, ses impôts, acheter un billet d’avion, s’inscrire à l’université ou à un concours. Pour atteindre cet objectif, il faut que les sites web des administrations publiques mutent d’une vision purement administrative à une vision citoyenne.
Les recommandations faites sont les mêmes depuis belle lurette. « Un goût de réchauffé », diront les moins sévères. On redit la même chose en utilisant d’autres mots. Il faut sortir des effets d’annonce et passer à l’opérationnel.
Certains font partie de ceux qui préfèrent prétendre que tout va bien pour ne faire de peine à personne, surtout pas au ministre, au PDG d’Algérie Télécom ou à la patronne de l’ARPT, et surtout ne rien changer.
On peut toujours changer le thermomètre, ce n’est pas efficace pour faire baisser la température. Au-delà de la mêlée, le cyberparc de Sidi Abdallah a été doté d’un système de télécommunications sophistiqué pour initier les étudiants spécialisés à l’ingénierie en télécommunications et les ingénieurs d’Algérie Télécom à l’utilisation de cette technique moderne.
Ce système, don du réseau de l’équipementier Nokia Siemens Networks, permettra d’augmenter le débit d’Internet et d’introduire la 4G (quatrième génération de téléphonie fixe) qui transmettra le son et l’image. L’équipementier veut doubler ses concurrents et faire une véritable opération de charme. Mais l’Algérie hésite encore pour la 3G ; alors que dire pour le LTE ? A quoi cela va servir si on reste des éternels consommateurs sans produire du contenu à haute valeur ajoutée ? L’équipementier a fait son show en présence du ministre Moussa Benhamadi.
On a fait un saut dans le futur mais comme a commenté l’un des confrères, « on est vite revenu à notre réalité ». Le rêve est permis quand même !