En l’espace de quelques années, le quartier de Belfort (El Harrach) s’est imposé comme l’un des plus importants bazars de téléphones portables en Algérie. Des commerçants de gros et détaillants occupent des magasins situés de part et d’autre de la grande ruelle.
Des petits vendeurs à la sauvette se sont également mis de la partie proposant des téléphones neufs et d’occasion sur des tables de fortunes installées dans les différents coins et recoins. Des citoyens de toutes les localités du pays en quête de « bonnes affaires » y affluent quotidiennement et rares sont ceux qui reviennent bredouille, tant toutes les marques sont exposées et le client possède ici un éventail de choix en fonction de son pouvoir d’achat. Il est dix heures en cette journée ensoleillée de samedi 3 mars 2012. Difficile de se frayer un chemin entre les milliers de citoyens qui ont envahi le « paradis des portables », comme préfèrent l’appeler les riverains. Le brouhaha est entendu à des centaines de mètres, tant l’ambiance qui y règne donne simplement l’impression qu’on est dans l’un des grands marchés de bétail. A Belfort, chacun trouve son compte. iPhone, BlackBerry, Samsung, LG, Nokia… On y trouve toutes les gammes. Si certains commerçants proposent des téléphones d’origine, d’autres, en revanche, vendent des appareils en provenance de la Chine, premier exportateur mondial des produits contrefaits. Il faut saluer aussi cette honnêteté remarquée chez les vendeurs qui ne cachent pas l’origine et la qualité de leurs produits. « La moitié des portables exposés ici est d’origine, donc de bonne qualité, et l’autre moitié, ce sont des copies de l’original, c’est-à-dire contrefaits », nous explique, d’emblée, un jeune vendeur à la sauvette en montrant une version copiée d’un iPhone. « Pour un simple citoyen, cela paraît d’origine, mais ici on ne trompe jamais nos clients. Vous voyez que même la différence des prix est énorme entre les deux téléphones identiques. C’est d’ailleurs grâce à notre honnêteté qu’on réussit à fidéliser des milliers d’Algériens et attirer de nouveaux clients chaque jour », se félicite notre interlocuteur. Une bonne partie de clients viennent s’approvisionner en grande quantité de téléphones dans la perspective de les revendre dans leurs localités d’origine. C’est le cas de ces deux jeunes venus de Berroaughia (Médéa). « A sept heures du matin, nous étions déjà arrivés. Nous prenons en moyenne une trentaine de téléphones, aussi bien neufs que d’occasion, et nous les revendons dans diverses localités de Médéa. Les prix appliqués ici sont très attrayants et nous parvenons à gagner convenablement notre vie de ce métier », témoignent-ils. Et comme les bonnes affaires se réalisent le matin, ces deux jeunes ont fait leurs emplettes dès l’ouverture des magasins. Il était à peine 10h30, les deux amis décident de partir. « Il est temps de quitter. Nous allons directement au marché de Tablat pour exposer ces téléphones », disent-ils, pressés. Les immatriculations des voitures garées de part et d’autre du « bazar » renseignent sur le fait que Belfort est réellement devenu un lieu de prédilection des citoyens de tout le pays. « Nous avons des clients de toutes les régions et la plupart d’entre eux font leurs commandes par téléphones. Dès qu’ils arrivent, ils prennent leur marchandise et quittent. A partir de ce mois de mars, on travaille jusqu’à des heures tardives de la soirée afin de permettre à tout le monde d’acheter ce dont il a besoin », affirment des grossistes. Pour les jeunes clients, seul le coût compte. La contrefaçon en est une toute autre histoire sans importance. « On dit que les portables contrefaits ont des conséquences négatives sur la santé. C’est faux ! L’essentiel est de jouir d’un appareil doté de toutes les options à un prix accessible. Sinon, pourquoi les Chinois ne sont pas tous morts à cause de la contrefaçon », réplique un jeune étudiant, tout heureux d’avoir acquis un BlackBerry à seulement 6 000 dinars. « C’est une question de prestige. A l’université, si on te voit avec un téléphone simple, personne ne te donne de l’importance », intervient un autre jeune en quête d’acheter un iPhone dernier cri.
Des négociations rudes…
S’arrêtant devant une table sur laquelle sont exposés des dizaines d’appareils, une femme accompagnée de son petit garçon tente de persuader le vendeur à acheter son téléphone multimédia. « Je veux vendre ce téléphone. Il est tout neuf, et il n’est pas contrefait et doté de différentes options. Il a plein d’applications : des jeux, vous pouvez même regarder la télévision et parler par Skype… Je l’ai acheté il y a à peine deux mois. Je veux le revendre pour acheter un BlackBerry », lance la jeune femme. « Combien on vous a proposé », lui répond le vendeur. « C’est à vous de me donner un prix, et je vais voir si ça m’arrange », lui réplique-t-elle. N’ayant visiblement pas une idée sur le prix de ce téléphone, le jeune commerçant sollicite un ami qui tient une table juste à côté. Ce dernier scrute le téléphone et vérifie s’il n’est pas contrefait. Au bout de quelques instants, il demande encore à la dame : « Combien voulez-vous le vendre ?». Celle-ci lui répète que c’est à lui de proposer un prix. N’ayant pas eu une idée, les deux vendeurs se dirigent vers un propriétaire d’un magasin. Ce dernier vérifie à son tour l’état de l’appareil, et dit à la femme : « Vous le vendez pour 8 000 DA ?». « Je veux au moins 9 000 DA. Vous n’allez pas regretter », insiste la dame. Sollicité par d’autres clients, le vendeur s’excuse et affirme que le prix est exagéré. Visiblement démoralisée, la femme décide enfin de céder son téléphone à 8 000 dinars. « Prenez-le et laissez-moi partir. Je ne peux pas vous affronter tous », dit-elle. Cette scène n’est en effet qu’une image de se qui se passe tout au long de la journée dans ce marché. La plupart des clients font le tour du marché et s’informent sur l’ensemble des prix avant d’opter pour la transaction. « Ici, il ne faut désespérer. Si tu n’es pas armé de patience, il vaut mieux aller aux magasins du centre-ville », nous conseille un jeune vendeur à la sauvette.
Les accessoires et les options…
Outre la vente des téléphones portables, la plupart des commerçants exposent les accessoires, notamment les batteries, les cartes mémoire, les chargeurs, les coques, les kits mains libres et d’autres gadgets. « La vente de ces accessoires rapporte beaucoup, car acheter un accessoire original (une batterie ou une coque par exemple) chez les distributeurs coûte les yeux de la tête. C’est pour cette raison que les gens viennent ici pour acquérir des accessoires, certes contrefaits, mais à un moindre coût », témoigne un grossiste. Des batteries qui se vendent ailleurs à 500 dinars, sont cédées à seulement 200 dinars à Belfort. Et c’est le cas de l’ensemble des compléments dont les prix sont beaucoup moins chers qu’ailleurs, ce qui est à l’origine, d’ailleurs, de ce rush sur ce marché. Plusieurs commerçants affirment que la vente d’accessoires est beaucoup plus rentable que les téléphones. D’autre part, nous avons constaté que la plupart des clients viennent ici afin d’acheter des téléphones « bourrés d’options ». Ces appareils séduisent, en effet, de plus en plus les Algériens, notamment les jeunes. Aujourd’hui, on change régulièrement de téléphone pour acquérir les derniers modèles mis sur le marché. Avoir un portable doté d’une double puce, double batterie, écran tactile, antenne de réception TV, torche, connexion Wi-Fi, Bluetooth… est le minimum qu’exigent les jeunes. Et rares sont ceux qui ont les moyens d’acquérir tout cela dans les magasins spécialisés, en raison de leurs prix exorbitants. Belfort s’impose ainsi comme un lieu incontournable. Un téléphone avec toutes ces options y est vendu à 4 000 ou 5 000 DA, voire moins…
j’ai besoin d’avoir les coordonnées des vendeurs en gros des telephones mobile des cartes memoirs des flaches disques…
salutations