Quand Steven Spielberg a sorti le film Minority Report, il ne se doutait pas que le Département américain de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security – DHS) avait dans ses cartons Fast -Futur Attribute Screening Technology- intraduisible mais qui veut dire en gros que les gens malintentionnés ou qui veulent faire quelque chose de malhonnête font montrer sur leur visage des marqueurs
Dans le film de Spielberg, qui se déroule en 2054, trois mutants doués d’un don de divination qui captent les signes précurseurs des violences homicides préviennent une agence gouvernementale chaque fois qu’un crime va être commis. Celle-ci n’a alors plus qu’à lancer une escouade aux trousses du « coupable » qui conduit ainsi à l’arrestation des meurtriers potentiels alors même qu’ils n’ont encore rien fait. Mais le DHS l’a fait et il lui a coûté la bagatelle somme de 20 millions de dollars. Ce programme est directement motivé par les attentats du 11 septembre 2001 de New York. Pour en revenir aux marqueurs, selon Discovery Magazine, les marqueurs de mauvaises intentions augmentent en fonction de la gravité du crime : un terroriste qui prévoit de poser une bombe sera toujours plus facile à repérer qu’un homme qui prévoit de tromper sa femme pendant un voyage d’affaires car le fait de cacher ses intentions aux policiers ou au personnel surveillant d’un aéroport par exemple se traduira nécessairement sur le plan physiologique. Il faut tout de même noter qu’actuellement, il y a plus de 3 000 fonctionnaires américains qui scrutent les visages de tous les passagers qui passent par un aéroport américain dans le cadre du programme « Screening of Passengers by Observational Technique », plus connu sous le générique de SPOT. Mais alors en quoi consiste Fast ? Ce nouveau système est composé d’un ensemble d’éléments permettant de détecter à distance la volonté supposée des personnes et d’un programme informatique et statistique. Il comprend un capteur qui suit les mouvements de l’œil à distance, un capteur cardiovasculaire et respiratoire, des capteurs permettant de détecter les phéromones, des caméras thermiques, un système vidéo haute résolution analysant les expressions et les micro-expressions faciales ainsi que les mouvements du corps ainsi qu’un système audio analysant les changements de tons dans la voix. Et tout ceci se fait à distance y compris les éléments physiologiques sans que le voyageur se sente observé, ce qui, dans le cas d’un aéroport, ne ralentit pas le flot des voyageurs. Et si Fast décide que vous n’avez pas l’air d’avoir la conscience tranquille, vous avez droit immédiatement dans la foulée à un interrogatoire en bonne et due forme. Et pour prévenir toute critique ou les conséquences qui pourraient causer du tort à d’innocents voyageurs à l’air faussement coupable, le DHS assure que Fast ne fait qu’améliorer le plus vieux mais et aussi le plus faillible système de prédiction des crimes : le jugement humain. D’ailleurs, dans l’abstract du projet, il est écrit que « Fast est une initiative pour développer un centre de dépistage en temps réel sans capteur invasif pour détecter des indices de mauvaise intention (ou l’intention ou la volonté de nuire) en temps réel ». Mais avant de le mettre en pratique, il a fallu passer par l’expérimentation. Les expériences menées sur plus de 2 000 volontaires montrent que le système est loin de tout laisser au hasard. Il est parvenu à identifier dans 78% des cas si une personne allait commettre une action malveillante. On passe de la reconnaissance des visages à la reconnaissance des actes …