L’Algérie accuse un énorme retard en matière d’innovation dans les technologies de pointe liées principalement à la sécurité des réseaux et des systèmes. Les moyens financiers et les compétences algériennes exerçant dans diverses firmes étrangères ne sont pas, jusque-là, mis au service du développement et de la sécurité du pays. Les domaines de la nanotechnologie et la sécurité informatique en sont des exemples édifiants à plus d’un titre. « L’Algérie possède d’énormes potentialités pour acquérir et développer ces nouvelles technologies mais reste malheureusement en marge des évolutions enregistrées dans le monde », regrette Farid Benyahia, ingénieur et consultant en diagnostic stratégique des entreprises. La nanotechnologie est, explique-t-il, une discipline en croissance rapide dans le monde avec un impact considérable pour le développement de divers secteurs tels que l’informatique, les télécommunications, la médecine, l’énergie et surtout la sécurité. Cette technologie de pointe consiste en la conception et la fabrication d’outils très minuscules, à la taille d’un milliardième de la forme actuelle, qui peuvent être utilisés de manière plus facile et avec une performance considérable. L’évolution de cette discipline laisse entrevoir la fabrication dans un proche avenir des ordinateurs minuscules, de la taille d’un dé à coudre, et de robots pouvant être placés sur le corps humain afin de diagnostiquer d’éventuelles maladies. Actuellement, des recherches sont menées pour la mise au point des puces ADN pour soigner uniquement les cellules touchées. Des puces pour la mémoire des lecteurs MP3 et d’autres à placer sur le corps pour donner des informations relatives à l’environnement (taux de radiation, séismes, taux d’humidité…). Dans le domaine de la sécurité, la nanotechnologie est aujourd’hui très répandue dans les pays développés. Des puces peuvent être placées sur des immeubles, des arbres, des panneaux, etc., pour recevoir des informations au moment opportun concernant la personne mise sous surveillance. « C’est là un créneau d’une importance majeure pour la sécurité du pays. Si on arrive à maîtriser cette technologie, on se mettra à l’abri de toute sorte de menaces émanent de personnes suspectes. Il faut être au diapason des nouveaux défis de la guerre électronique car la possession d’un énorme arsenal militaire et d’un service de renseignement qui fonctionnent selon les anciennes méthodes ne serviront plus à rien dans un proche avenir », a averti encore M. Beyahia, lors d’une conférence qu’il a animée au siège du journal El Moudjahid. L’introduction de la nanotechnologie en Algérie nécessite, selon lui, de mettre en place des centres de recherches spécialisés et d’appeler les experts algériens qui exercent actuellement dans les pays occidentaux. Il est bien évidemment question de conscience et de volonté politique pour la création de think-tanks (groupes d’experts) pour le suivi des évolutions et l’application de cette technologie. La sécurité du pays passe également par la maîtrise des techniques de lutte contre les hackers qui menacent de brouiller les sites internet des diverses institutions et protéger les internautes algériens qui sont la cible d’espions étrangers, conclut l’expert.