Finalement; l’Algérie fêtera le « logiciel libre » dans ce qui est la première édition du Software Freedom Day, littéralement « Journée du logiciel libre », qui aura lieu à l’université Yahia-Farès de Médéa le 26 novembre prochain. L’initiative revient à Fareh Abdelhak, maître-assistant en informatique dans la même université, dont le comité scientifique lui a accordé, à l’occasion, tout son appui. Dans l’esprit de ce genre de manifestations, qui ont court de par le monde à chaque année, le programme est ouvert à tous, avec pour principal objectif la « découverte ».
Lors de cette journée, il sera question d’initier le public au logiciel libre par son utilisation personnelle, dans l’éducation, l’économie ou par les gouvernements. C’est un évènement majeur du mouvement du logiciel libre et tout au long d’une journée, à travers conférences ciblées, ateliers, séminaires… utilisateurs chevronnés et professionnels se relaieront pour parler « libre ». Il faut savoir que ce genre d’événements est très nouveau dans le pays mais pas le logiciel libre, pour lequel plusieurs expériences sont menées depuis le début des années 2000 afin d’expliquer les bienfaits de ceux-ci et de les présenter comme une alternative crédible aux logiciels dits « propriétaires ».
« Libre » vs « propriétaire »
Au-delà des aspects purement techniques et du vocable barbare que l’on connaît à l’informatique, le plus simple serait de faire ressortir la nature même et la finalité de chacun des deux univers. Le « logiciel libre » est sans doute l’ennemi juré du « logiciel propriétaire » et ce n’est pas un mal. Concrètement, disposer d’un « logiciel libre », c’est disposer de la liberté de pouvoir le remodeler à souhait afin d’en faire le programme qui se rapproche le plus des aspirations de l’utilisateur, et d’être en mesure de « léguer » cette même liberté à d’autres utilisateurs. Chevronnés bien sûr ! Pour tout autre profil, s’essayer à un « logiciel libre », c’est avant tout avoir eu l’opportunité d’utiliser un logiciel solide, performant sans débourser le moindre sou, étant donné que l’essentiel, c’est qu’en recourant à ce dernier, il vient de vivre l’expérience « libre » et vient de s’initier à une philosophie. Cette même philosophie dont le « père », alias Richard Stallman, défend par ces propos : « Liberté, égalité, fraternité dans l’informatique se présentent dans l’esprit du logiciel libre. Liberté parce que chaque utilisateur est libre de faire ce qu’il veut. Egalité parce que tous les utilisateurs ont les mêmes droits. Fraternité parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs […] ». (Voir entretien inédit accordé par Richard M. Stallman à IT Mag, dans le numéro 195). A l’opposé, le « logiciel propriétaire » est celui dont on paie l’acquisition, ensuite la mise à jour, puis les différentes versions… sans avoir la moindre connaissance de ce que celui-ci renferme étant donné sa nature hermétique. Ce que le même Stallman appelle « privateur ».
De l’intérêt du SFD Algeria
C’est au terme de la prochaine Software Freedom Day Algeria que l’on saura mesurer si tous ont compris l’intérêt d’une telle journée et si le principe du « libre » a bel et bien été entendu. Les retombées, même si elles sont certainement difficiles à mesurer quand il sera question de le faire, doivent au moins être suivies et sérieusement scrutées afin de dépasser, le temps d’une manifestation, le simple volet communicationnel d’une opération «’com » ! Depuis les années 2000, diverses opérations de charme autour du « logiciel libre » ont été menées depuis les centres universitaires à travers le territoire national et jusqu’à aujourd’hui, les progrès sont « timides ». Trop timides ! Depuis les universités toujours, des clubs scientifiques organisent des rencontres où l’on parle, plus ou moins, logiciels libres… Cependant, c’est circonscrit et confiné dans un environnement qui ne sert que lui-même. Le « logiciel libre », c’est sérieux, et très sérieux même dans la mesure où si les initiés et les habitués savent de quoi ils retournent, l’effort doit être tourné vers le politique qui doit impérativement comprendre les enjeux qui gravitent autour de l’univers du « libre ». Dans ce volet précis, si ce genre de manifestations ne force pas le politique, le ministre, le parlementaire, le décideur, le financier… à revoir sa copie quand il s’agit de décisions liées aux IT, alors il n’aura servi à rien de se donner autant de mal pour si peu.