Il ne faut pas être un grand devin pour voir que la croissance en plein essor attendue à travers les appareils mobiles pilotera une explosion de la croissance des processeurs mobiles pour 2010-2016
En 2016, selon les prévisions des compteurs internationaux, il y aura 750 millions de smartphones auxquels il faut ajouter au moins 300 millions de tablettes, une centaine de millions d’e-lecteurs et une autre centaine de millions de consoles de jeux portables.
Pour mieux planter le décor, on va regarder ce que prédisent ses compteurs internationaux. Pour IDC, les ventes de smartphones pour 2011 seront de l’ordre de 472 millions d’unités et plus de 50 millions rien que pour les fêtes de fin d’années. Pour e-Ink, en 2011, il va se vendre entre 20 et 25 millions de lecteur e-book.
Tous ces chiffres montrent que le marché des processeurs continue de croître de façon exponentielle et qu’il y aura une forte demande de processeurs avec des caractéristiques assez spéciales : il faut qu’il consomme le moins d’énergie possible mais qu’il soit robuste et rapide.
Antinomique tout cela mais les fabricants de processeurs se sont mis dans ce créneau avec des nouvelles technologies en nanométrie qui offrent des performances et des fonctionnalités incroyables. Pour 2012, il va y avoir beaucoup de nouveautés pour étancher la soif insatiable pour les appareils de poche. Une autre étude récente d’In-Stat affirme qu’il s’attend à ce que le marché des mobiles va croître à un taux de 22,3% jusqu’en 2013, et ce qui va booster ce marché, ce sont les smartphones et tablettes. Si on s’en tient à ces compteurs internationaux, 50% des processeurs seront vendus pour les smartphones et autres tablettes. Mais ce que l’on craint le plus, avec la forte demande de smartphones et autre tablettes, la demande en bande passante sera énorme. D’ailleurs dans ce cadre, Hans Verstberg, CEO d’Ericsson, avait prédit, lors du MWC’10, qu’il y aurait plus de « 5 milliards de nouveaux abonnés au mobile à l’horizon 2016 » (IT MAG n°206) Et il sait de quoi il parle, il est le leader dans l’infrastructure des télécoms.
Pour Sarah Amar, directrice de la communication chez Ericsson, « aujourd’hui, les smartphones représentent dans les entreprises environ 50% des ventes de téléphones portables. Il y a trois ans, c’était seulement autour de 15% ».
Cette forte demande a fait en sorte de rebasculer le marché des processeurs. Alors qu’il y a moins de 2 années, il n’y a avait pratiquement que 4 ou cinq fabricants de processeurs qui chassait dans le marché des PC, aujourd’hui d’autres sont entrés dans le marché. Ce qui est intéressant est de savoir et comprendre comment les fabricants de semi-conducteurs différents ont réagi à ce marché et comment il a changé toute la dynamique de l’industrie électronique des semi-conducteurs. Il y a 3 ans, il aurait été carrément bizarre d’imaginer Intel menacé par ARM. Aujourd’hui, Intel est bousculé par ARM mais aussi par Qualcomm, Nvidia et autre Texas Instrument. Il est à noter quand même le fait que AMD, qui a eu ses heures de gloire dans les années 1990-2000n soit aujourd’hui absent totalement sur le marché du mobile. Mais Intel est un géant qui dispose de moyens humains (Nobel, ingénieurs, doctorants…) et de financiers gigantesque, ce qui fera qu’il est déjà dans le marché et qu’il veut le driver. Ce qui n’est plus possible maintenant. Il n’y a qu’à voir Nvidia qui s’est transformé en une très courte période de fournisseur de puces graphiques à l’un des principaux fournisseurs de processeurs pour les terminaux mobiles haut de gamme.
Un autre exemple, qui nous vient du pays qui, il y a 30 ans, était un pays d’agriculteurs, est Samsung qui est devenu en pratiquement cinq années l’un des principaux fondeurs dans le monde. Ses processeurs équipent le dernier iPhone. Tout cela pour dire qu’il va y avoir une guerre de leadership mais aussi une guerre des prix mais, un peu à l’image des opérateurs télécoms mobiles, le volume sera énorme et les marges seront plus faibles, mais le chiffre d’affaires global sera massif.
L’autre face à voir est le prix des smartphone. Tant que ces prix seront élevés (entre 200 et 500 dollars), il n’y aura pas de massification. C’est exactement la même chose qui s’est passé pour les terminaux mobiles au début du GSM. Il a fallu que les prix descendent pour que la massification prenne. Tous les analystes et autres compteurs internationaux pensent que la tranche 20 à 50 dollars sera très vite atteinte et que c’est cela qui va faire croître en exponentiel la demande. En effet, tant que les consommateurs continuent à pousser pour l’Internet, la vidéo mobile, la musique, les jeux, l’imagerie, la vidéoconférence et la télévision dans la paume de leur main, il y aura de la concurrence. Cependant, comme le disent les spécialistes de l’électronique, « on ne peut pas descendre plus bas » et comme toujours, il y aura toujours quelqu’un ou quelque chose qui fera que les caractéristiques des transistors seront de plus en plus petites (on parle maintenant d’étage de transistors) et aboutira à des conceptions autres de ce qui est fait aujourd’hui. La densité des transistors atteindra alors de nouveaux sommets, ce qui peut s’avérer difficile pour certaines entreprises de semi-conducteurs à suivre.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas un marché pour les appareils mobiles bas de gamme, cependant, même les téléphones les moins dotés continueront à connaître une croissance importante, avec quelque 869 millions d’unités prévues en 2016.
On est au creuset d’une nouvelle ère car bien que tous les périphériques se partageront certaines fonctionnalités et de capacités, aucun périphérique unique ne va tuer tous les autres … du moins immédiatement car chaque appareil aurait une forme différente, une fonction primaire, et le déterminant : le prix.