Par Samir Tazaïrt
Une concurrence féroce dans ce segment précis pousse la partie française à plus de réactivité et l’Algérie, pour sa part, dispose d’un matelas financier confortable pour mener des projets d’envergure
Sous l’égide de la mission économique auprès de l’ambassade de France en Algérie Ubifrance, une rencontre à « huis clos » a regroupé acteurs français de l’industrie de la monétique et du commerce électronique et décideurs algériens du même secteur afin de discuter « business ». Mais pas seulement. Dans une présentation conjointe autour de cette même rencontre animée par le directeur Algérie d’Ubifrance, Alain Boutebel, et Mme Newel Benkritly, directrice régionale de Metrixware, cette session de travail va bien au-delà d’une simple démarche de prospection pour la partie française afin de défricher un terrain « généreux ». « Il n’est plus question de vendre et de déposer un produit sur un comptoir et s’en aller. Nous sommes en phase avec la partie algérienne et il s’agit de créer les conditions nécessaires pour construire des partenariats par filière » ; explique M. Bentebel. En fait, à partir de ce genre de rencontres, ce sont des partenariats qui doivent être identifiés entre les deux parties qui devront s’engager sur des projets concrets dans le volet de la monétisation et du commerce électronique. D’ailleurs, ce n’est par hasard que les plus « gros » du secteur, Oberthur et Gemalto, ont été de la partie !
Les entreprises françaises mènent une opération de « charme » certes pour assister l’Algérie dans la généralisation systématique et réelle de la monétique et du commerce électronique et peut-être qu’au fond, veulent-elles l’accélérer afin de se garantir une part importante de ce marché. Il est vrai qu’en face, une concurrence féroce dans ce segment précis pousse la partie française à plus de réactivité et l’Algérie, pour sa part, dispose d’un matelas financier confortable pour mener des projets d’envergure en la matière. Cependant; la réalité n’est pas aussi simple que de signer un chèque contre la mise en place d’une solution clé-en-main.
Le secteur de la monétique en Algérie connaît des difficultés et celui du commerce électronique est purement et simplement inexistant. Connaissant parfaitement son domaine pour avoir été la directrice générale-adjointe de la Satim, Mme Benkritly, expliquant les insuffisances qui caractérisent sur le terrain la monétique, écarte d’emblée l’aspect technique du moment que celui-ci a passé toutes les étapes nécessaires, depuis le premier « pilote » jusqu’à sa mise en œuvre. Pour la partie monétique du moins, puisque ce sont jusqu’à 16 000 retraits qui sont enregistrés quotidiennement. Mais pour ce qui est des paiements avec la carte, les statistiques sont dérisoires. Sur approximativement 5 000 terminaux de paiements déployés chez les commerçants, moins de 1% sont utilisés par ces derniers. Et là encore, l’environnement technique n’est pas en cause.
Aujourd’hui, là où le bât blesse, c’est particulièrement au niveau de la réglementation nationale, qui n’est pas capable de protéger le consommateur dans son utilisation courante de la carte de paiement. Pourtant, les « réticences culturelles », si elles existent, sont battues en brèche par les deux intervenants. Encore, ce n’est pas un hasard non plus si des cabinets d’avocats et des spécialistes juridiques ont fait partie du voyage pour Alger. Reste maintenant à sortir avec « des projets » concrets; de préférence fruits d’un « rapprochement » entre les PME des deux rives. Un « rapprochement » qui se verra probablement matérialisé lors du forum d’affaires qui se tiendra fin mai, organisé en association en Alger et Paris.