Par Kamel Bouyoucef
Les médias traditionnels aussi ont saisi l’importance d’Internet et des réseaux sociaux et les ont intégrés dans leur mode de fonctionnement
Les manifestations et les émeutes qui ont secoué tout dernièrement l’Algérie ont débordé sur les réseaux sociaux. Ce sont de nouvelles sources d’information qui ont permis de connaître les derniers développements dès qu’ils se sont produits au moment où les médias traditionnels se sont montrés passifs ou très peu réactifs par rapport aux événements. Facebook, YouTube, Twitter ainsi que les blogs de certains internaute se sont transformés, l’espace d’un moment, en véritables « agences de presse », alimentés continuellement en vidéos, images et « état » des lieux. D’ailleurs, les agences de presse mondiales et les chaînes de télévision par satellite utilisent également les contenus publiés par ces médias et s’appuient sur eux pour préparer leurs articles et leurs informations.
Tout est passé par Facebook. Ces dernières semaines, les internautes algériens ont été pris dans un tourbillon d’informations, en postant sur le réseau social toutes les vidéos ou articles en lien avec les événements (scènes de rue, affrontements avec les forces de sécurité, déclarations officielles…).
Dans les différents cybercafés de la capitale, on se rue vers la moindre information qui puisse éclairer davantage, donner des points de repère ou des explications. Les internautes mettent en ligne les photos prises mais aussi y ajoutent un commentaire qui résume une prise de position (pour ou contre la casse), un argumentaire, un développement des faits ou un complément d’informations, voire un témoignage recueilli. L’Algérie est à l’avant-garde de ces tendances. Lorsque des Algériens se connectent sur Internet, ils vont plus souvent sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube…) que sur les sites web des journaux. La messagerie, la recherche de renseignements et la consultation de sites d’informations sont devenues des activités secondaires.
Utilisant leurs téléphones portables, les citoyens ordinaires ont pu aider à démentir des rumeurs et à corriger ce qui, à leurs yeux, était une « sous-estimation » sur la crise. Ils ont pu ainsi éclairer les tendances et les caractéristiques de la vague de violence. L’objectif principal est de démocratiser l’information. La technologie est l’un des rares moyens qu’ont les jeunes de faire entendre leur voix. Ce fut le cas, à plus d’un titre d’ailleurs, en Tunisie, en proie à des manifestations populaires. Certains groupes créés sur Facebook sont venus marcher sur les plates-bandes des journaux en ligne, où on peut lire les dernières nouvelles et les plus récents développements des émeutes. Selon des estimations, près de 12 000 jeunes internautes ont adhéré à ces groupes. En revanche, la médaille a son revers. Malgré la « liberté » qu’offre Internet, celle-ci est assujettie à la perversion car là où le bât blesse, c’est concernant le traitement de l’information. Le défaut principal de ces plates-formes est le peu de fiabilité des sources. La course à la vitesse peut engendrer des dérives graves.
D’autre part, recevoir de l’information fragmentée peut se révéler également très usant pour les citoyens. Mais finalement, que demande le citoyen ? A ce débat, deux visions complémentaires sont possibles. D’un côté, notre société de l’instantanéité pousse de plus en plus les gens à consommer l’actualité en mode « fast-news ». Les réseaux sociaux s’inscrivent dans cette tendance à zapper abondamment de média en média, de manière déstructurée. D’un autre côté, il existe un autre public, une autre demande croissante qui est de recevoir de l’actualité plus fouillée avec le recul, l’illustration et la photo.