Par Samir Tazaïrt
Le concept est simple : il est question d’offrir à l’utilisateur, de son « vivant », des outils d’écriture de son histoire qu’il léguera à la postérité des siens
Masaga.com. A première vue un site Internet élégamment épuré et particulièrement distingué qui offre aux internautes un lien vers le… trépas ! Le concept est simple : il est question d’offrir à l’utilisateur, de son « vivant », des outils d’écriture de son histoire qu’il léguera à la postérité des siens. Un « tableau de bord » post-mortem lisible par ceux qui auront été autorisés à consulter le « parcours » du détenteur d’un compte Masaga.com. Concrètement ou du moins techniquement, le site offre à son utilisateur le choix d’acquérir un « Folio », qui comprendra trois volets destinés à un usage bien spécifique. Au noms « idylliques », ceux-ci se répartissent en « Stati », rubrique dans laquelle le possesseur du Folio inscrira les données factuelles principales de sa personne, telles que son nom, ses date et lieu de naissance, en « Famili », qui présente l’arbre généalogique « descendant », qui évoluera au fur et à mesure des « poussées » générationnelles et, enfin, en « Vivendi », où seront relatés tous les moments de la vie. A leur tour, les Folios disposeront d’un « cycle » de vie qui se complète en quelque sorte avec celui de son détenteur. Tant que l’utilisateur du Folio est actif, celui-ci est dans sa phase dite « Vivo », qui dure jusqu’à ce qu’il entre dans sa phase « Ciao », comprendre que le détenteur du compte n’est plus actif, donc décédé. A ce moment précis, des applications s’enclenchent qui permettront de gérer cette « période » où des Nextors, genre d’exécuteurs testamentaires, veilleront à préparer la dernière phase du Folio, en y écrivant les faire-part nécessaires, les messages d’adieu ou les hommages. Puis la vie ad vitam æternam, ultime phase du Folio. Voici pour l’essentiel. Son concepteur, Pierre Guilbert, un invétéré de l’Algérie et un chevronné de la communication managériale, a mis à profit son passage à Alger pour en faire la démonstration, malgré de « possibles appréhensions locales » induites par une conception de « la vie d’après » bien propre à la culture et aux croyances que sont les nôtres. Pourtant, la question, « d’essence existentielle », a le mérite de repositionner notre rapport vis-à-vis de la « postérité », dans la mesure où celle-ci devient non plus un « privilège » accordé aux grands de ce monde mais un droit que tout un chacun peut revendiquer. Dans son exposé, passionné, M. Guilbert lève le voile sur une négligence dont Facebook s’est rendu coupable, selon laquelle le réseau social, qui se targue de compter plus de 500 millions d’utilisateurs, n’a rien prévu en cas de décès de l’utilisateur, le forçant à demeurer dans les limbes d’Internet. Selon l’orateur, ils sont « trois millions d’utilisateurs à être décédés, gardant leur page active et donc vis-à-vis des poches de celui-ci, cela reste difficile à vivre ! » Masaga.com n’est donc pas Facebook, ou du moins n’a pas la même mission. Pour en revenir au site lui-même, certains services qui y seront proposés sont payants, et 20% des revenus iront au capital d’une fondation qui se chargera d’assurer la pérennité technique et technologique du site Masaga.com.
Serait-ce en définitive l’échelon manquant de la « pyramide des besoins » théorisée par le psychologue Abraham Maslow, selon laquelle la problématique de ce qui est nécessaire à la survie « instinctive » de l’homme devient moins pertinente une fois celle-ci « réglée », l’incitant à « conquérir » d’autres besoins.