Le forum du quotidien national El Moudjahid avait réuni, la semaine dernière, responsables d’entreprises et d’institutions publiques afin de débattre une question lancinante, celle de l’apport des technologies à la croissance économique. D’emblée, deux visions se confrontent sans jamais tomber sur un consensus. S’il est clair que le secteur des IT, télécoms compris, a généré plus de 7 milliards de dollars de chiffres d’affaires, représentant 4% du PIB national; la plus grosse part a été canalisée par les budgets d’équipements, environ 4,7 milliards, alors que la part due aux logiciels ou aux services reste marginale. Cependant, il était difficile aux invités de rester dans le strict contexte qu’était celui de la thématique principale du forum et peut-être ont-ils bien fait car ils avaient mis le doigt là où ça faisait mal ! Plutôt que de parler des effets bénéfiques des IT pour la croissance économique, ils avaient bifurqué sur ce qui empêche « l’économie IT » de prendre son envol. Et Younes Grar, ancien conseiller ministériel et actuel directeur général d’AnimApp Algérie, était le premier, parmi ses pairs, à désigner l’un de ces « boulets » justement en affirmant que nous avions des banques « frileuses » qui ne se risquent pas à investir dans ce qu’elles considèrent comme « un créneau dangereux ou incertain ». Ou comme le résume M. Grar, il existe « une culture de prêt défavorable » pour voir naître en masse des entreprises IT innovantes et devenir une alternative de croissance pour l’économie nationale. Autre invité, autre argument ! Mbarek Boukaba, directeur général de Vorax Technologies et néanmoins « vieux loups » du secteur IT, regrette un « environnement législatif et réglementaire difficile » qui, s’il n’est pas réformé en profondeur de telle sorte à revêtir « la stabilité suffisante pour donner confiance aux investisseurs », risque d’entraver le développement futur d’une économie IT à part entière. « The last, but not the least », M. Jamel Zerrouk, directeur général délégué d’HB Technologies, spécialiste de la carte à puce et de la personnalisation de documents électroniques, apporte sa touche en dressant une réalité qui force le pessimisme : « Nous avons dû reformer nos ingénieurs qui ont reçu une formation inadaptée. » Résultat : un temps de réadaptation qui a empêché l’entreprise d’atteindre sa vitesse de croisière dans un marché, qui, lui, a continué son cours et son évolution jusqu’à devenir « très difficile ». En fait, seul M. Benmehrez a apporté ses réponses à la question posée lors du forum. Relation IT – croissance économique ? Mathématiquement, « pour 10% de pénétration de plus dans le haut débit, c’est une augmentation de 1,2% du PIB ; et pour 10% d’intégration du haut débit mobile, ce sont de 0,4 à 0,6% d’augmentation du PIB national ».
En revanche, même si la relation entre intégration des IT en entreprise et croissance économique semble évidente, les entreprises algériennes, et à leur tête les PME- TPE, ne semblent pas en avoir saisi les enjeux. 15% seulement de ces entreprises disposent d’un accès au Web et 40% seulement s’équipement correctement de ce qu’il faut alors que 95% d’entre elles n’ont aucune visibilité sur la Toile, pourtant réputée un fort levier de croissance, ne serait-ce qu’en termes d’image. Finalement, la question n’est plus de savoir quel pourrait être l’impact des IT sur la croissance mais de savoir si ce diptyque a bien été compris par les premiers concernés : les entreprises.