11 décembre 2024

Rachat de Djezzy : Une mauvaise affaire ?

Les négociations entre MTN et Orascom «ne sont pas encore finies», a indiqué Sawiris à Reuters à Beyrouth. Il entend également ramener plus de 7,8 milliards dollars pour la Spa Orascom Telecom Algérie, la société qui gère la marque Djezzy en l’Algérie. Pour de nombreux experts financiers, cette offre est jugée excessivement élevée. Même si l’on parle de MTN, le plus a même d’acheter OTH est l’indien Bharti qui vient de s’offrir les opérateurs africains du koweitien Zain.
Et c’est le patron d’OTH, Naguib Sawiris, qui affirme que le sud-africain MTN a fait une offre de 7,8 milliards de dollars pour le rachat de l’unité Djezzy.

Tout porte à croire que le milliardaire égyptien, qui «sent l’argent» il l’avait dit à Alger lors d’une conférence de presse, semble vouloir faire monter les enchères, alors que des négociations avec le gouvernement algérien n’ont pas encore commencé pour le rachat de Djezzy et que MTN avait engagé des discussions pour lever 5 milliards de dollars pour le rachat des actifs d’Orascom Telecom dans plusieurs pays africains et maghrébins. Et l’information qui circule est que l’opposition de l’Algérie à la vente de Djezzy a amené MTN à renoncer à cette levée de fonds.
Mais avant de continuer, regardons ce qu’est OTH et son entreprise mère Weather Investment.
Si l’on regarde les informations diffusées par OTH sur son site Internet – et ce sont des informations légales et qui doivent être justes, car OTH est en Bourse – on remarquera que OTH est propriétaire directement ou indirectement de 96,81 % de OTA, les 3,19 % restants appartiennent à la SPA familiale Cevital, qui est estimé à 2 milliards de dollars mais qui n’est pas en Bourse à Alger. Elle est dirigé par Issad Rabrab. D’un autre côté, Weather Investment spa (Italie) est propriétaire de 50 % plus une action d’OTH. De ce fait, indirectement, Weather Investments spa est propriétaire de 48,3 % d’OTA. En conclusion, OTA appartient à concurrence de 48.3 % à la société italienne Weather Investment.
Pour pouvoir acheter l’opérateur italien Wind, les Sawiris, à travers Weather Investments spa, ont donné à titre de garantie aux banques auprès desquelles elle a contracté des emprunts 100 % de ses actifs (les actions Wind Italia, 50 % plus une action OTH, Wind Greece….), ce qui fait que, indirectement, 48,3 % de OTA est gagé.
En d’autres termes, Weather investment SPA qui appartient à Naguib Sawiris et à sa famille à hauteur de 97 % et les banques qui ont prêté à Weather Investment les fonds pour procéder aux acquisitions des opérateurs télécoms ont demandé en garantie le nantissement des actifs de Weather (titres OTH, titres Wind Italia, Wind Hellas…).
Ce qui fait que la famille Sawiris détient 97 % de Weather Investment même si elle est criblée de dettes, car ce n’est pas parce que l’on donne sa maison en hypothèque que l’on n’est pas le propriétaire. On en sera dépossédé si l’on ne rembourse plus sa dette et que la banque met en jeu sa ou ses garanties.
Si l’on revient à OTA. Tout d’abord OTA est une Spa de droit algérien et qui n’est pas cotée en Bourse. La valeur comptable d’OTA est la valeur comptable nette telle qu’elle apparaît dans le bilan d’OTH. Et cette valeur peut ne pas être la valeur de vente.
En effet, la valeur de vente se base sur la valeur comptable nette plus une survaleur liée à l’activité telle que la profitabilité (multiple du résultat brut d’exploitation) qui est excellent chez OTA, puisqu’il représente plus de 65 % de son chiffre d’affaires, qui se situe au-delà de 1,5 milliard de dollars, sans oublier les parts de marchés et OTA est loin devant ses concurrents.
A cela, on ajoute l’Arpu par ligne, qui est de l’ordre de 10/11 dollars, la couverture et l’infrastructure réseau. Tous ces éléments font que la valeur d’OTA sera plutôt élevée.
Ce que nous avons remarqué après la semaine de demande de droit de préemption, on ne parle plus que d’achat, ce qui fait que nous ne sommes pas dans le cas du droit de préemption. Nous ne sommes pas non plus dans le cas d’un achat forcé à prix arbitraire de type nationalisation. Nous sommes dans un cas de négociation pour transaction à l’amiable qui appelle bien des étapes et des péripéties à venir.
Comme nous n’avons pas mis les moyens et les incitations pour que des entreprises algériennes deviennent des évaluateurs internationaux, on sera obligé de faire avec les évaluateurs internationaux qui existent sur le marché et l’on sait ce que cela a donné en Grèce. Et pour ces entreprises, dans tous les cas et automatiquement après l’achat, la valeur d’OTA dégringolera du fait que les investisseurs et évaluateurs internationaux considèreront que l’Etat est le pire gestionnaire qui soit. En bout de course, nous ferons une mauvaise affaire financière.

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