La coupure du câble en fibre optique sous-marin au large de la côte égyptienne et dans le Golfe d’Oman a montré de façon claire qu’il y a un manque d’investissement dans la sauvegarde des infrastructures et de vision dans la gestion des backbones.
En effet, selon Punit Garg, directeur de Reliance GlobalCom, a déclaré dans une interview que 90 % des fournisseurs de services Internet dans les pays en développement ne font pas d’investissement dans la redondance ou back-up des réseaux. De plus, ajoute-t-il, les câblo-opérateurs n’ont pas investi dans des systèmes qui leur offrent la possibilité de passer automatiquement à un autre itinéraire si leur lien est rompu.
La coupure de janvier dernier a été très bien ressentie en Inde où la bande passante pour ce pays a été diminuée par deux, mettant sur la paille plusieurs entreprises qui sous-traitent avec l’Europe. Cette dépendance des câbles sous-marins en fibre optique fait en sorte que les pays sont «presque» obligés de sécuriser ce qu’ils ont, sans oublier la redondance et la possibilité de sortir par un autre chemin. Lors du séisme de mai 2003, la coupure du câble sous-marin en fibre optique reliant Alger à Marseille et de celui reliant Alger à Palma a totalement isolé l’Algérie. Algérie Télécom a dû mettre en place, à la va-vite, des faisceaux hertziens vers le Maroc et la Tunisie pour sortir de l’isolement. En effet, deux des câbles, situés à 2700 mètres de profondeur dans la Méditerranée, assurent les communications téléphoniques entre l’Algérie et l’Europe. Le premier, l’Alpal 2, court sur 321 kilomètres entre Palma de Majorque et Alger et peut transporter 120 000 communications en simultané. Il a été coupé à une quarantaine de kilomètres des côtes. L’autre, le SeaMeWe 2 (South-East Asia-Middle East-Europe), long de 18 000 kilomètres, s’étire de Singapour à Marseille. Plus âgé, car datant de 1994, il est d’une capacité six fois inférieure à l’Alpal 2. Sa branche allant vers l’Algérie a été sectionnée par deux fois au moins. Sans oublier l’arrêt total de l’Internet. Ailleurs, en décembre 2006, un séisme à Taiwan a réduit les services Internet pour deux mois pour toute l’Asie de l’Est. Les expériences malheureuses des autres pays devraient nous montrer des voies à explorer, d’autant plus que nous sommes en train de mettre en place un câble en fibre optique reliant Alger à l’Afrique du Sud dans le cadre du Nepad.