22 mars 2025

Bluetooth tisse-t-il ses réseaux ?

Il fut une époque où l’on donnait Bluetooth, système de liaison sans fil à courte distance, pour mort, terrassé par le Wi-fi, perçu alors comme concurrent. En fait, il n’en est rien, bien au contraire. Il semble qu’il y ait eu un amalgame entre ces deux types de liaisons. En réalité, elles sont plus complémentaires que concurrentes.
Le Wi-Fi excelle dans la prolongation sans fil des liaisons informatiques, ouvrant Internet au nomadisme, à la fois plus large et plus spécifique. Plus large, dans le sens où cette norme intéresse tous les appareils électroniques qui nous entourent. Plus spécifique, car sa vocation est de se substituer aux traditionnels fils et câbles qui les interconnectent. Le Bluetooth, a contrario, ne joue pas réellement la carte nomade. N’oublions pas qu’il ne s’agit que d’une liaison à courte portée : elle se substitue à un fil, évitant ainsi à l’utilisateur toute manipulation pour se connecter entre deux appareils, mais elle n’a pas pour vocation de répondre aux exigences de mobilité. C’est seulement depuis l’arrivée du concept de convergence numérique que Bluetooth commence à trouver sa place en relation avec des applications pour lesquelles il a été initialement conçu. En effet, durant de longues années, le dispositif ne s’est guère adressé qu’au raccordement de claviers ou de souris sans fil. Une fonction particulièrement restreinte et encore liée à l’ordinateur. C’est la téléphonie mobile qui, la première, avec l’apparition des célèbres oreillettes a offert au système la possibilité de rompre le lien avec l’informatique pure.
On a aussi pourvu les téléphones mobiles du Bluetooth pour transmettre les photos qu’ils contenaient vers des imprimantes, voire des bornes de tirage de photos installées dans une zone de commerce.
Comme Bluetooth est capable de convoyer des données concernant aussi bien des textes que des images ou de la musique, voire des films, les nouvelles générations d’appareils numériques se dotent de manière quasi systématique de cette norme de dialogue sans fil. La production de masse qui a découlé de cet engouement a eu pour effet de faire chuter considérablement les coûts de fabrication des puces Bluetooth. Dans certains cas, il est plus économique, pour les industriels, de doter un appareil d’une puce Bluetooth que d’un connecteur et d’un cordon de raccordement. Bluetooth constitue même parfois le seul dispositif d’interconnexion avec le monde extérieur dont dispose l’appareil. C’était, entre autres, le cas de l’un des cadres photo numériques. Outre le sentiment de confort qu’il offre à l’utilisateur, puisque ce dernier n’a pas plus à aller «farfouille» derrière un appareil pour accéder à un connecteur, Bluetooth ne manque pas d’atouts aux yeux des industriels qui font déjà évoluer ses spécifications. Si c’est le fabricant suédois Ericsson qui a créé la norme en 1994, dès 1998, des géants comme IBM, Intel, Microsoft, Motorola, Nokia, Toshiba… se sont associés pour créer le Bluetooth spécial, Interest Group. Ils ont ainsi fixé ses spécifications techniques dès 1999, avec l’élaboration du standard 1.0. Déjà, la spécification 2 a fait son apparition pour offrir à Bluetooth une liaison stéréophonique ou certaines chaînes haute-fidélité de nouvelle génération pour accéder directement au contenu des baladeurs MP3. Parallèlement, la puissance d’émission des puces Bluetooth a été légèrement augmentée pour mieux répondre à certains usages. Certains appareils comme les interphones pour casque moto disposent d’une puissance d’émission atteignant 100 milliwatts avec une portée de plus de 10 mètres. Comme le Pico net (mini-réseau), Bluetooth possède une certaine «intelligence», ces interphones sont aussi capables de se transformer instantanément en oreillettes pour téléphone mobile, pour peu que leurs utilisateurs leur permettent de jouer ce rôle. Dans ce cas, la communication prend automatiquement la main. Très prochainement, le débit de Bluetooth devrait passer à 100 mégabits par seconde. Il sera alors suffisant pour convoyer de la vidéo en haute résolution. Ainsi, il n’est pas exclu qu’il suffise de poser un lecteur Blue-Ray Disc ou HD-Dvd à proximité d’un écran pour que les deux appareils s’interconnectent automatiquement. Cette souplesse d’interconnexion et cette création spontanée d’échanges délivrent l’utilisateur, mais peuvent aussi réserver de mauvaises surprises. Par exemple, il n’est pas rare dans la rue que de jeunes plaisantins s’amusent à faire afficher aux téléphones mobiles de la rame des images inattendues ou à modifier leurs écrans de veille. Plus grave, il semblerait qu’il y a eu certains cas de «piratage de ligne» via Bluetooth. Notons que le problème ne peut être que limité, en raison de la faible portée de la liaison. Néanmoins, il n’est jamais agréable de constater une intrusion dans un appareil susceptible contenir des informations privées, voire qu’il a été utilisé pour passer des appels sans l’accord du propriétaire. Pourtant, Bluetooth inclut de très nombreuses sécurités. Outre le cryptage des transmissions, toute mise en relation de deux appareils peut être assujettie à la validation d’une autorisation. De même, il est possible d’obliger un appareil à rester «invisible» vis-à-vis du Bluetooth. Mais on retrouve ici l’éternel problème qui lie simplicité d’utilisation et sécurité. Pour une meilleure ergonomie, la plupart des appareils sont configurés par défaut de manière à autoriser les échanges spontanés. A l’utilisateur de mettre en place des «verrous» ou du moins de ne pas accepter systématiquement n’importe quelle demande sans connaître précisément son contenu.

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