ombien dépense en moyenne un foyer algérien par mois pour ses besoins en matière de télécommunications ? Aucune statistique officielle n’a été réalisée dans ce sens en dépit de la pertinence du sujet. Ni l’Office national des statistiques (ONS), ni le ministère des Nouvelles technologies de l’Information, encore moins les instituts de sondage ou de comptage»privés» nationaux ou internationaux, pourtant nombreux sur la place, n’ont daigné mener une étude dans ce chapitre.
La vision reste «macro» dans la mesure où les chiffres relatifs à tel ou tel outil de communication TIC se communiquent d’une manière systématique par rapport à l’ensemble de la population algérienne. En tête, le téléphone mobile qui aurait gagné le coeur de 26 millions d’Algériens. Pis encore, on parle de 30 millions d’abonnés selon une récente déclaration de Boudjemaâ Haïchour, ministre des PTIC. Si l’on se réfère au chiffre donné par le membre du gouvernement, l’Algérie est donc en haut du tableau mondial en termes de «ratio». De ce fait, chaque Algérien, ou presque, dispose d’une ligne GSM. Partant de ce constat, on peut considérer que même les tous petits (10-6 ans) sont branchés au cellulaire. Il y a ensuite l’Internet qui semble bien ancré en Algérie, puisque 5 millions d’internautes ont tendance à se frotter quotidiennement à la Toile, soit 1 Algérien sur 7. Encore faudrait-il définir ce qu’est un internaute.
Quant au téléphone fixe, les chiffres «officiels» évoquaient en septembre 2007 pas moins de trois millions d’abonnés. «Au jour d’aujourd’hui, nous ne sommes pas loin des 3,5 millions d’abonnés au téléphone fixe», déclare une source proche du secteur des télécommunications. Cela étant, il est donc aisé de dire que les TIC génèrent énormément d’argent en Algérie. Des milliards de dollars sont en jeu. «Les opérateurs se frottent les mains. Quant aux ménages, ils doivent «frotter» chaque fin de mois le fond de la poche s’ils veulent se brancher à tel ou tel outil de communication», commente, l’air moqueur, Sid Ahmed, un chef de famille «menotté», dit-il, par ce qu’il désigne de «phénomène de la modernité». «Nous sommes cinq à la maison, moi, madame, mon fils et mes deux filles. Chacun de nous a sa propre ligne téléphonique cellulaire. Nous avons aussi deux micro-ordinateurs, une ligne Internet ADSL et un téléphone fixe», énumère cet ex-haut fonctionnaire à la retraite. Madame, femme au foyer, notre interlocuteur qui réside à Bab Ezzouar est donc le seul à «affronter» les dépenses. «Les cartes téléphoniques à elles seules me coûtent la bagatelle de 9000 dinars, soit 1500 DA pour chacun de nous. Je dois aussi m’acquitter d’environ 4000 DA par bimestre pour le fixe, sans compter les 1300 DA pour l’Internet. Mon budget flambe, c’est insupportable», se plaint Sid Ahmed qui dit «toucher» mensuellement 4 millions de centimes comme pension de retraite. «N’imaginez pas que ces quatre millions sont une fortune. Loin s’en faut puisque je suis tenu, en plus, de financer mes enfants dont deux sont à l’université», ajoute-t-il dépité. A part les «autres dépenses», Sid Ahmed est donc tenu de consacrer environ 15 000 DA pour les TIC. Selon lui, cette «importante» somme est obligée de figurer sur la liste. «Je n’ai pas le choix. De plus, je ne peux pas interdire le mobile à mes enfants qui ont tous dépassé 18 ans», se justifie-t-il. Quant à cette dame résidant sur les hauteurs d’Alger, les dépenses «n’ont pas de limite». Mariée à un commerçant, elle avoue dépenser sans parcimonie. «Abonnée chez l’opérateur historique, j’ai aussi deux autres puces, Djezzy et Nedjma. Je ne sais plus pourquoi j’ai opté pour trois lignes. En tout cas, j’ai pas moins de 20 000 DA, entre abonnement et cartes de recharge pour mes communications», dit-elle presque fièrement. «Nous avons un ordinateur et l’Internet, mais je ne les utilise pas. Ce sont les outils de mon mari. Il est dans l’import-export», relève encore cette mère de deux enfants. Et d’ajouter : «Mon mari ne m’a jamais limité le budget. C’est que je suis une très grosse consommatrice, je ne fais que palabrer à longueur de journée avec ma mère et mes sœurs dont deux sont à l’étranger», confie-t-elle.
Par contre, Ali, peintre dans une entreprise privée, son budget ne lui permet pas d’outrepasser la somme «préalablement arrêtée». «J’ai cinq cents dinars par mois pour la carte. Quand c’est terminé, tant pis. Il y a toujours ce moyen de recevoir des communications gratuitement», dit-il. Tout compte fait, les Algériens sont-ils de gros consommateurs de services TIC ? «La réponse ne peut être que oui», selon les professionnels. «Patientez juste un petit quart d’heure et vous verrez le nombre d’usagers qui viennent recharger leurs crédits chez moi», explique un gérant d’une boutique de téléphonie mobile. Notre interlocuteur souligne que son local ne désemplit «jamais», à longueur de journée, 7/7. Le Flexy de Djezzy, le Storm de Nedjma ou encore Arselli de Mobilis sont les services les plus «célèbres» que proposent depuis ces dernières années les trois opérateurs de la place. «Je recharge quotidiennement, parfois deux fois par jour. Je consacre au moins 100 DA pour recharger mon crédit», nous signale une étudiante de 3e année à la faculté de sciences sociales de l’université d’Alger. «Ce qui me coûte au minimum 3000 DA par mois ; à la longue, c’est très coûteux, je l’avoue», dit-elle, signalant que son budget «télécoms» est assuré par le papa.