IT Mag : Quelles sont, selon vous, les perspectives du développement des TIC en Algérie à court terme ?
M. Y. Mentalechta : L’Algérie est très en retard dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC), en particulier dans celui des contenus qu’il faut développer. Une politique existait, mais elle n’a pas été suivie. On a trop tendance à acheter des contenus étrangers. Pour certains de ces contenus à valeur universelle, on peut dire que c’est une bonne chose, mais parallèlement, il faut créer des contenus en rapport avec notre culture et nos traditions qui mettent en valeur notre patrimoine et reflètent notre histoire afin qu’ils soient propres à l’Algérie. Par ailleurs, il faut développer des contenus qui facilitent la vie des citoyens, qui les rapprochent de leur administration et leur permettent de lutter contre certaines formes de bureaucratie. Ces contenus peuvent aussi améliorer la production, limiter l’absentéisme et garantir la pérennité de l’Etat. Le premier objectif consiste à récupérer le temps perdu et à ce niveau, les potentialités existent mais elles ont malheureusement tendance à émigrer au Canada, notamment où 15 000 d’entre elles travaillent dans les TIC. Le deuxième objectif a pour but de prendre le wagon des pays développés de telle sorte à ce que les Algériens puissent bénéficier de la totalité des TIC dans les domaines économique, social, de santé, etc. Le troisième objectif, c’est de maintenir le rythme de croissance par la créativité en conjuguant le savoir de tous et en partageant les intelligences.
Pouvez-vous nous dire quelles sont les raisons du retard de l’Algérie dans le domaine des TIC ?
L’Algérie a été un des pionniers dans le domaine de l’informatique parmi les pays arabes et en Afrique. L’Etat algérien a aidé les pays maghrébins et certains africains à mettre en place des structures pour le développement informatique et leur utilisation dans l’économie. Les élites dans les pays africains venaient se former en Algérie. A l’époque, l’Algérie avait mis en place un embryon d’industrie Hardware avec le montage de mini-ordinateurs et une industrie de logiciels. A la fin des années 1970, l’élan qui permettait à l’Algérie de maîtriser ces technologies a été rompu, et la facilité a pris le dessus sur la volonté politique et sur les efforts. C’est ce qui explique progressivement le retard qui s’est imposé. Ainsi, la vitesse de progression en Algérie se trouve inférieure à celle des pays arabes et africains.
Le rattrapage de ce retard passe, selon vous, par quoi ?
A mon avis, la récupération de ce retard passe inévitablement par la formation de spécialistes et la mise en place dans toutes les structures de systèmes d’information de sites pour mieux faire connaître l’Algérie et ses potentialités, son marché et les perspectives qu’elle peut offrir aux investisseurs. L’après-pétrole passe, à coup sûr, par la ressource humaine, aussi bien en qualité qu’en quantité. L’objectif est de former des hommes et des femmes capables de faire participer pleinement l’Algérie aux nouveaux paradigmes du développement durable. Bien sûr, il est primordial de les former et de les garder en leur donnant toutes les perspectives d’un épanouissement tant sur le plan personnel que professionnel.