La «Génération games». C’est ainsi qu’un père de famille, soucieux du devenir de ses deux enfants adolescents, qualifie les mordus des jeux en ligne. S’il le dit en langue de Shakespeare, c’est parce que ce professeur d’université a suivi un cursus de post-graduation en Grande-Bretagne. «C’est certainement l’influence anglo-saxonne qui m’anime encore jusqu’à présent», aime-t-il à souligner. Tout compte fait, Dahmane, 45 ans, a certainement trouvé le mot juste dans la mesure où rares sont les bambins qui ne s’adonnent pas, en effet, aux jeux virtuels. Un phénomène de société qui tend à prendre de l’ampleur. Si la majorité des adultes se tait, quelques-uns, par contre, n’hésitent pas à sonner la sonnette d’alarme. «Les jeux en réseau ont rendu mon fils hyper violent. Je n’arrive plus à communiquer avec lui. Il faudrait mettre un terme à cette maladie au risque de voir nos enfants devenir sous peu de véritables zombies», argumente cette mère de ce mordu des jeux en ligne, âgé de 18 ans. Néanmoins, notre interlocutrice, journaliste de son état, dit reconnaître «sa monumentale» faute. «C’est moi qui lui ai inculqué ces jeux de Satan», ajoute-t-elle, presque larmoyante. Et de poursuivre : «J’ai encore cette image lorsque je lui ai remis de mes propres mains une PlayStation que j’avais achetée lors d’une mission au Emirats arabes unis, à Dubaï. Il avait 8 ans. C’est ce jour-là que Réda entrait de plain-pied dans le monde des jeux dans toutes leurs composantes.» De la PlayStation, Réda passe aux jeux plus «sérieux», en fait ces jeux en réseau qui réunit une «bande de copains» généralement dans un cybercafé. Les exemples comme celui de Réda sont légion. Quant aux arguments des parents qui n’approuvent pas les jeux (tous genres confondus) et s’appuyant sur les «spécialistes en la matière», il faut dire qu’ils sont à peine «perceptibles», pour reprendre l’avis d’un éducateur. «Les jeux vidéo vous rendent débiles, car vous y passer du temps au lieu de travailler ! Mais ceci n’est vrai uniquement que si vous ne vous organisez pas correctement, sinon il est parfaitement possible de combiner les deux, de même que le sport ou la lecture», argumentent les plus «réalistes». Les «farouchement» contre plaident, eux, pour une interdiction «pure et simple» aux mineurs. «L’Etat doit interdire l’accès des mineurs aux cybercafés. C’est facile. La Grande-Bretagne l’a déjà fait. Pour combattre la cyber-pédophilie, les autorités britanniques viennent, pourtant, d’interdire l’accès aux cyber aux adolescents. Ces derniers, pour qu’ils soient autorisés à s’y rendre, doivent être accompagnés de leurs parents», soutient Nadir, informaticien. Enfin, certains, s’estimant au «milieu», relèvent le fait que «les jeux vidéo restent incontestablement violents», tout en affichant une attitude moins «répressive» envers ce mal du siècle. «S’il est vrai que certains jeunes ont commis des violences après avoir joué à des jeux vidéo, d’autres affirment que cela aide à évacuer la violence et à se défouler… Je pense que les deux ont raison, mais qu’à haute dose les jeux en réseau ou vidéo peuvent inciter à la violence», soutient un père de famille.