Le triomphe modeste, M. Babaci, ingénieur contrôle de processus et PhD en robotique, relate dans ces propos son vœu de voir un très fort pôle de développement émerger en Algérie. Avec pour objectif de devenir un leader, il se donne d’ores et déjà les moyens mais surtout le temps d’aborder le marché africain puis international avec sérénité et aussi maîtrise, innovation et flexibilité, dont il fait un credo.
{ {{IT Mag}} } : {{Parlez-nous d’ITComp…}}
{ {{M. Saïd Babaci}} } : ITComp (Information Technology Company), qui a pris naissance fin 2003, a été créée autour d’un noyau d’Ibn Rochd, établissement des techniques modernes de formation. En fait, initialement, il était question de se centrer sur la formation dont pouvait avoir accès tout individu, mais le besoin d’aller vers l’entreprise devenait pressant et pour y répondre, ITComp a vu le jour. Aussi, la séparation était nécessaire afin de permettre à Ibn Rochd d’évoluer et d’exceller dans son créneau, et à ITComp de se positionner comme une SSII à part entière. Il s’agissait également de répondre à une offre d’abord nationale tout en ayant une projection sur le marché international, afin de permettre à l’entreprise européenne de s’adresser à nous pour faire son travail. C’est ce qu’on appelle communément l’«offshore».
{{Quel rapport entretient ITComp avec l’ETM Ibn Rochd ?}}
L’ETM Ibn Rochd constitue un véritable vivier en ressources et en compétences pour ITComp. Il n’existe aucun esprit de causalité entre les deux entités dans la mesure où chacune est indépendante de l’autre, disposant de sa propre autonomie. Cependant, nous avons repris à notre compte les bases de la formation professionnelle développées à Ibn Rochd et y avons greffé d’autres services, qui se reconnaissent dans l’acronyme «F.I.C.R.A». Ce vocable renvoie à formation, intégration, conseil, recherche et assistance et constitue une sorte de «signature» par laquelle nous nous faisons reconnaître par nos clients.
{{Qu’apporte IT Comp au marché algérien ?}}
Aujourd’hui, nous proposons un portefeuille de services à valeur ajoutée vraiment complet ; que ce soit dans la formation sur les technologies Oracle et Microsoft, dont nous sommes partenaires, ou sur de l’Open Source, le management de projets, l’ingénierie ainsi que l’intégration informatiques, la recherche et le développement de solutions ou de logiciels spécifiques, le conseil, l’accompagnement, l’étude, etc. Cela dit, la recherche et le développement restent notre élément clé, ce qui nous permet de garder un haut niveau technologique et de mettre à jour continuellement notre entreprise. Nous devons également devenir des ambassadeurs de notre technologie et de notre savoir. Cette partie de notre métier nous permet d’autre part de dire à nos clients que nous disposons de notre propre laboratoire de recherche et de test des prototypes d’applications que nous leur créons. Nous accompagnons de même nos clients à partir de leur projet jusqu’à son entrée en «production» ou son déploiement à travers un processus qui leur permet de gérer les problèmes en temps et en heure. Il s’agit pour nous de rester disponibles et présents. Toute cette offre, de la formation à l’ingénierie, repose sur deux aspects essentiels : la qualité et les outils informatiques pour y arriver. Mais bien plus, et peu d’entreprises, voire aucune, ne sont capables d’apporter ce plus que nous détenons, c’est la méthodologie «Six Sigma».
{{Qu’entendez-vous par la méthodologie «Six Sigma» ?}}
J’ai été personnellement formé sur cette pratique durant 3 ans et je l’ai appliquée à l’univers informatique bien que concernant en premier lieu l’environnement industriel. Toute notre démarche repose sur cette méthode qui permet de «mesurer et de quantifier» de bout en bout un projet. Mesurer le succès, quantifier le risque et procéder à un contrôle en fin de boucle, ce qui nous donne une grande maîtrise de tous les facteurs liés au suivi d’un projet informatique.
{{Quelles sont vos ressources, notamment celles que vous consacrez à votre centre de recherche et de développement ?}}
Nous disposons à l’heure actuelle d’une équipe de 30 personnes, parmi lesquelles une vingtaine d’ingénieurs, qui développaient sur des solutions propriétaires avant la mise en place d’un pôle Open Source que nous considérons comme complémentaire par rapport aux technologies concurrentes. C’est une équipe régie par la flexibilité car elle ne peut et ne doit agir dans la rigidité. Ce sont aussi des valeurs professionnelles et relationnelles qui habitent nos ingénieurs dans la mesure où c’est un travail de complémentarité et de collaboration qui anime chaque individu, que ce soit dans la recherche ou le développement de produits. Si l’on doit schématiser ITComp en tant que «boîte noire», nous aurons à l’entrée le bloc «R&D», qui va alimenter le bloc étude et ingénierie, qui lui-même alimentera deux blocs en parallèle, le génie système et le génie logiciel.
{{Vous êtes l’unique entreprise à avoir dédié tout un segment de votre développement à l’Open Source. Ce choix se justifie-t-il malgré la prépondérance des applications et autres technologies dites propriétaires ?}}
En fait, l’Open Source en Algérie est en train de se développer bien que timidement. Les décideurs algériens n’ont pas vraiment confiance dans l’Open Source, ce qui est dû en grande partie à un manque d’expérience. Paradoxalement, la demande est assez importante chez certains de nos interlocuteurs qui reconnaissent à cet environnement la fiabilité et la stabilité recherchées. Autre raison qui nous a poussé à développer des solutions à partir des technologies libres, c’est de répondre à certains marchés qui n’ont pas les moyens de se payer une solution propriétaire. Pour notre part, en tout cas, ce choix nous a permis d’investir du temps pour la «prise de connaissance». Nous nous approprions de la sorte la technologie par la connaissance. Autre point, bien que nous soyons partenaires d’Oracle et de Microsoft, donc vendant leurs technologies respectives, nous n’oublions pas que parmi nos métiers, nous faisons du conseil, et donc nous orientons le client vers la meilleure solution qui siée le plus à ses besoins, à son budget, à son environnement et nous refusons toute surenchère en ce sens.
Enfin, développer sur de l’Open Source est une «garantie» pour attirer vers nous le marché européen qui en est «friand». D’ailleurs, nous avons déjà développé des applications Open Source pour des entreprises européennes, entre autres General Electric et Peugeot France.
{{Selon votre première expérience avec l’ETM Ibn Rochd, vous semblez accorder une importance particulière au monde de la formation et de l’apprentissage. La retrouve-t-on dans le monde, cette fois-ci, universitaire ?}}
Effectivement ITComp est engagée auprès des universités sur deux volets. Le premier vise le «R&D» car nous souhaitons le renforcer à travers la mise en pratique des concepts théoriques. L’autre volet a trait à l’encadrement d’ingénieurs pour leurs projets de fin d’études. Nous proposons nous-mêmes des stages aux universitaires de la même manière que nous le faisons dans le cadre de conventions et d’accords avec des universités, notamment l’USTHB et l’INI. Nous instaurons une relation de complicité très bénéfique pour l’étudiant qui se frotte ainsi au monde de l’entreprise. Actuellement, nous avons proposé à l’USTHB un sujet de recherche et de développement qui implique une équipe pluridisciplinaire constituée d’informaticiens et d’électroniciens qui travaillera sur de l’Open Source et avons même offert de le financer en partie.
{{Vous êtes à la tête d’ITComp, mais également d’une association dédiée à la promotion en R&D en Algérie, l’Association Ibn Sina. Quelle est sa mission sinon sa raison d’être ?}}
En fait, j’ai ramené ce projet dans mon escarcelle quand j’avais décidé de revenir en Algérie. Il s’agit donc d’une sorte de catalyseur pour la promotion de la recherche et du développement en Algérie. Avec un groupe d’Algériens résidant à l’étranger, nous avons décidé d’agir ensemble, dans un cadre concerté, afin d’apporter notre contribution et nos compétences dont a forcément besoin l’Algérie. Nous avons instauré une bourse mensuelle aux étudiants auxquels nous offrons aussi des stages. Aussi, nous lançons des projets communautaires qui sont lancés aussi bien par les parrains de l’Association Ibn Sina ou ses adhérents et travaillons tous autour d’une idée, pourvu qu’elle soit innovante. Si l’unanimité est acquise pour un projet, l’association décide de le financer et de faire en sorte de le concrétiser. C’est notre manière à nous d’arrêter l’«hémorragie» des compétences et les retenir dans le pays. Vous savez, il est facile pour une entreprise étrangère d’arriver en Algérie avec ses millions et d’imposer ses solutions toutes faites. Il est temps que l’Algérie fasse confiance à ses compétences et leur donne l’occasion de faire leurs preuves.