Pourtant, la volonté de ces nombreux Algériens installés à l’étranger d’aider leur pays d’origine ne pourra avoir de sens que si les autorités de ce même pays prennent réellement conscience de l’importance mais surtout de la nécessité d’entamer des actions permettant de façon très concrète de faire le lien entre les cadres établis à l’étranger et leurs compatriotes. Les responsables algériens qui évoquent occasionnellement l’épineux problème de la fuite des compétences ne doivent certainement pas ignorer qu’essayer de retenir les Algériens désirant s’établir à l’étranger est une tâche des plus ardues. Il est en revanche beaucoup moins coûteux et beaucoup moins difficile de tirer profit des compétences des cadres algériens travaillant depuis des années à l’étranger. Uns solution qui ne demande pourtant que la mise en place d’un programme de formations ou de séminaires devant être animés par les cadres algériens opérant dans des secteurs technologiques pointus. Une solution qui été adoptée par de nombreux pays, mais dont l’Algérie ne semble pas prêter une grande attention, du moins jusqu’à preuve du contraire.
D’après les chiffres rendus publics par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) lors d’une rencontre organisée il y a quelques mois, pas moins de 18 000 Algériens sont actuellement installés aux Etats-Unis. Parmi eux 3 000 chercheurs ont été répertoriés. Ces chercheurs algéro-américains mais aussi ceux installés dans différents pays du monde peuvent, à n’en point douter, être d’un grand apport à leur pays, d’autant qu’un grand nombre d’entre eux ne demandent qu’à faire profiter leurs compatriotes des compétences acquises durant de longues années d’expérience. Les nouveaux modes de communication devraient être un argument supplémentaire pour convaincre les autorités mais aussi les universités algériennes à œuvrer dans le sens du transfert technologique en organisant, par exemple, des conférences virtuelles mettant en liaison les Algériens installés à l’étranger et les étudiants ou autres chercheurs locaux.
La fuite des compétences est aujourd’hui une réalité avec laquelle vivent de nombreux pays, même si ces derniers ne sont pas forcément classés parmi les régions les plus pauvres. Ces pays ont toutefois établi des ponts avec leurs compatriotes vivant à l’étranger afin de s’assurer de ne pas rester à la traîne dans de nombreux domaines. Certains gouvernements offrent même des vacances gratuites aux expatriés ainsi qu’à leurs familles dans leurs pays d’origine en échange de quoi les chercheurs invités s’engagent à animer, à titre gracieux, des séminaires au profit des universitaires de leurs pays.
Il va sans dire aussi que certains professionnels installés à l’étranger peuvent être d’un grand apport à l’économie de leurs pays respectifs. De nombreux chefs d’entreprises algériens opérant dans différents pays du monde caressent l’espoir de pouvoir investir dans leurs pays d’origine mais restent réticents face aux nombreux problèmes que connaît l’Algérie. Les entraves bureaucratiques, les barrières fiscales ainsi que la rareté des crédits bancaires sont autant d’obstacles se dressant face à ces investisseurs. D’un autre côté, les compétences algériennes peuvent également booster l’économie à travers la mise à niveau des professionnels algériens dans différents secteurs d’activité.
Etonnamment, en Algérie, on ne semble pas trop s’intéresser à ce que peuvent apporter réellement les Algériens qui ont fait leurs preuves à l’étranger. On continue même, suivant une logique très étriquée, à accuser de «lâcheurs», voire de «traîtres», les universitaires ayant choisi, pour des raisons évidentes, de s’installer dans d’autres pays. A l’ère du village planétaire, on ne part jamais trop loin puisque la technologie permet de façon indéniable d’établir des ponts entre les individus, quelles que soient les distances qui les séparent. Toutefois, qu’il soit réel ou virtuel, aucun pont ne peut être établi s’il n’existe pas une volonté réelle de part et d’autre.