Jusqu’à présent, nous nous sommes intéressés à la lecture des hypermédias dans leur globalité. Nous avons vu que lire sur ordinateur bouleversait nos repères de lecture classique et qu’il était recommandé de respecter certaines règles structurelles pour rester lisible par le plus grand nombre.
Qu’en est-il de la lecture d’hypermédia propre au réseau Internet ?
Aujourd’hui, 40% de la population algérienne utilise régulièrement Internet et cette tendance a doublé en un an. Il est prévisible que le réseau des réseaux devienne un outil déterminant pour l’enfant dans les années à venir tant pour des raisons personnelles (courrier électronique, entre autres) que scolaires (recherches documentaires…). Apprendre à lire sur ces nouveaux médias va devenir un enjeu tant social que culturel.
Une prise de conscience de l’intégration de ces nouvelles technologies dans l’enseignement se fait ressentir… mais que peut bien apporter le réseau dans l’apprentissage de l’écrit ?
Apprendre à lire les hypermédias : une nécessité ?
«Tu lis ? Non, je navigue.» Comment en effet lire un tel texte ? Et d’abord est-il lisible ?, s’interrogeait Michel Bernard au sujet de l’hypertexte.
Nous avons vu que lire sur des hypermédias bouleversait nos repères de lecture classique et cela semble encore plus flagrant lorsque nous consultons le réseau Internet.
La connaissance se présente sous des aspects multiformes et cette masse accrue d’informations soudaines impose des modes d’exploration et d’orientation avec lesquels la lecture a quelque chose à voir. Car il s’agit bien de savoir lire cette masse d’informations.
Navigation, structure arborescente, hypertexte, Toile, mots clés… sont autant de concepts nouveaux qu’il est nécessaire de s’approprier si l’on ne veut pas se perdre dans l’espace virtuel et planétaire qu’est Internet.
Car lire sur Internet, ce n’est pas seulement savoir lire des structures hypertextes, dématérialisées et non linéaires mais c’est aussi
se familiariser à utiliser alternativement une lecture de recherche et une lecture de blocs d’informations. L’accès à la lecture n’est pas le même que lorsqu’on vous glisse un livre entre les mains.
Savoir naviguer dans l’espace d’informations est se familiariser avec les outils nécessaires à cette navigation comme les moteurs de recherches, les plans de sites mais aussi les boutons de navigation propres au navigateur (page suivante et précédente, retour à la page d’accueil) puis savoir faire des choix. Car dans un cédérom, le lecteur arrive encore à se repérer et à ne pas trop se perdre dans un ensemble certes complexe mais quand même clos. Sur Internet, le corpus semble infini. L’internaute peut rarement se rendre en un clic à l’information désirée, sa décision est à tout moment sollicitée. Il est à présent incontestable que les documents hypermédias bouleversent notre rapport à l’écrit et qu’il s’agit d’un nouveau mode de lecture sélective, d’un nouveau «savoir-lire».
On imagine que les caractéristiques du document hypermédia propre à Internet peuvent représenter de nouvelles difficultés pour l’enfant dans son apprentissage de l’écrit.
La navigation hypermédia présente des risques bien réels comme ne pas parvenir à bâtir un raisonnement, se laisser porter d’un sujet à un autre sans effort d’approfondissement, s’égarer dans un discours éclaté. Et si l’élève n’est pas accompagné dans sa démarche, il y a peu de chances qu’il puisse tirer le moindre bénéfice de la consultation libre du monde foisonnant et chaotique d’Internet.
Cette vision des choses relativement pessimiste confirme cependant que la lecture d’hypermédia n’est pas innée. Elle nécessite un apprentissage ou au moins une familiarisation de façon à la rendre productive.
Une question culturelle
Avec Internet, l’individu désireux de lire et de se cultiver dispose d’un accès facile à une masse importante d’informations stockées sous une forme virtuelle et planétaire.
Que nous le voulions ou non, les nouveaux médias et les nouvelles technologies de l’information et de la communication envahissent notre vie.
Il semble inutile d’ignorer les supports électroniques pour qui veut survivre au XXIe siècle.
Mieux vaut s’y adapter et assimiler dès aujourd’hui tous les bouleversements qu’ils engendrent dans notre rapport à l’écrit et à la connaissance.
Maintenant, le problème ce ne sont plus les connaissances, les savoirs, c’est l’accès à l’information ; et les nouvelles technologies servent d’instrument pour cela. Internet devient un véritable élément de culture générale. Et l’accès de cette culture au plus grand nombre devient, par conséquent, un problème de société. Il semble nécessaire de trouver un moyen de donner accès à ces nouvelles technologies au plus grand nombre si l’on ne veut pas que se dessinent trois types d’humains face aux nouveaux médias comme le prophétise Umberto Eco : «Un autre type d’analphabètes, sans accès aux nouveaux modes de la connaissance ; les navigateurs passifs ou compulsifs, intéressés ou avides, mais condamnés à l’éparpillement ; les nouveaux lecteurs, conscients des structures, capables de choix et seuls profiteurs des systèmes complexes.»
Il est nécessaire de former les enfants au troisième de ces profils, sans quoi une nouvelle forme d’illettrisme, de nouvelles exclusions semblent inéluctables.
Le rôle de l’école
Comme nous venons le voir, avec Internet, il est non seulement question d’un nouveau «savoir-lire» mais également d’un nouvel accès à la connaissance.
Puisqu’il est question d’apprentissage et d’égalité face à la culture, il est difficile d’ignorer le rôle fondamental de l’école dans l’intégration des NTIC.
D’ailleurs, cette opinion est rarement contestée. «L’école doit intégrer au plus vite ces techniques. Il serait catastrophique que des outils qui permettent la diffusion massive du savoir et ouvrent de nouveaux espaces de liberté soient au contraire générateurs d’exclusion et de marginalisation d’une partie de la population. Et l’école, là aussi, doit prévenir les nouvelles inégalités.»
Une récente enquête intitulée «Comment les enseignants et les élèves perçoivent-ils Internet à l’école ?» a révélé qu’une majorité des enseignants pensent qu’Internet sera indispensable dans la vie professionnelle (70%), qu’il est nécessaire que tous les enfants puissent utiliser Internet à l’école (78%) et que le réseau peut élargir le champ de connaissances (92%).
Si tout le monde semble convaincu de l’intérêt et de la nécessité de l’intégration des NTIC à l’école, les avis diffèrent légèrement lorsque l’on s’entretient plus longuement avec les enseignants et les parents.
Pourtant, le concept est loin d’être nouveau. Il y a six ans, le plan Informatique pour tous, qui comportait un volet télématique, a été mis en place dans les écoles algériennes. Quant à Internet, il pénètre depuis deux ans le système éducatif. Mais non sans difficultés. L’année dernière, seulement quelques centaines d’écoles primaires étaient connectées à Internet alors qu’elles se comptent par milliers. Cette difficile intégration des NTIC à l’école est due essentiellement à des raisons économiques (coûts des équipements…) mais elle est aussi d’ordre culturel.
Pourquoi certains redoutent-ils encore l’intégration des NTIC à l’école ?
Ce problème pourrait faire l’objet d’un mémoire à lui seul tant il est sujet à polémique. Nombreuses sont les associations de défenses ou de contestations qui se sont créées sur Internet.
Nous avons eu l’occasion d’entrer en contact avec de nombreux enseignants. Les craintes des enseignants vis-à-vis des NTIC prennent plusieurs formes.
Ceux qui n’ont aucune connaissance informatique voient l’ordinateur comme une véritable menace qui va mettre en doute leurs compétences. On leur demande de former leurs élèves aux NTIC mais qui va les former, eux ?
Ces enseignants se sentent actuellement compétents dans leur domaine, avec leurs propres techniques d’apprentissage. Le resteront-ils en y intégrant le multimédia ?
Pour beaucoup, les nouvelles technologies peuvent faire partie de l’information mais pas de l’éducation car celle-ci nécessite un rapport humain. Ils s’interrogent sur la nécessité de renoncer à un système éducatif qui a fait ses preuves au profit d’un système fait par des individus pas toujours qualifiés («quelles compétences pédagogiques réelles ont les éditeurs de cédéroms éducatifs ?», nous a-t-on souvent demandé).
D’autres s’inquiètent encore des connaissances fragmentées que génèrent les hypermédias ou du fait que certaines matières qui se prêtent moins à l’utilisation de l’ordinateur se voient défavorisées…
Ces craintes sont souvent justifiées mais polémiquer sur l’intégration des NTIC à l’école est un faux débat. Ceux qui s’interrogent sur la nécessité d’acquisition de ces connaissances et leur validité sont ceux qui croient que le nouveau est censé supplanter l’ancien. On a tendance à présenter les NTIC à l’école comme d’éventuels successeurs aux enseignants. Si on commence à prendre bille en tête le corps enseignant en lui disant qu’avec les nouvelles technologies on va vers une école sans enseignant, il est clair qu’on ne crée pas les conditions d’une approche sereine.
De même, le support informatique n’est pas censé remplacer le support papier traditionnel. L’école ne doit pas choisir entre l’un et l’autre support.
Les enfants doivent apprendre à lire des livres traditionnels et des documents hypermédias multimédias. Nous sommes engagés, et pour longtemps encore, dans une situation de coexistence. Que peut apporter Internet dans l’apprentissage de la langue écrite ? L’institution scolaire a compris le rôle déterminant qu’elle avait à jouer dans l’intégration et l’acquisition des nouvelles technologies auprès du grand public. C’est, par conséquent, à l’école que l’on trouve le plus d’expériences d’utilisation des NTIC dans l’apprentissage et notamment dans celui de la langue écrite.
Internet : une certaine conception de l’écrit
Pourquoi l’ordinateur dans l’apprentissage de l’écrit ? Il s’agit de créer autour de l’enfant un environnement stimulant qui permette une activité d’exploration, une attitude de découverte, une construction personnelle afin que l’écrit devienne un outil de communication et d’expression pour réaliser des projets personnels et non un but en soi. Une activité de recherche et d’exploration qui précède une activité d’écriture dans un but de communication a autrui, n’est-ce pas exactement ce que rend possible le réseau Internet ? Ce dernier semble avoir trois atouts déterminants dans l’apprentissage de l’écrit.
Célestin Freinet avait compris, il y cinquante ans, que l’enfant est davantage motivé dans son acte d’écriture quand celui-ci fait sens pour lui, quand écrire est un acte de communication.
On apprend à lire en écrivant beaucoup, en écrivant tôt, en écrivant des textes qui s’adressent à des lecteurs.
L’utilisation du courrier électronique est stimulante pour l’élève qui non seulement produit un texte lisible et sans rature, mais a aussi la motivation d’écrire pour être lu par d’autres élèves et adultes dans le monde entier.
Les instituteurs qui travaillent avec les réseaux ne s’y trompent pas : une bonne utilisation des réseaux développe les talents d’écriture et de communication. Echanger sur le réseau, c’est apprendre à produire des messages rigoureux, concis et facilement interprétables. C’est aussi apprendre à questionner, à donner sens aux nouvelles informations, à collaborer. La communication entre élèves de classe et d’horizons différents développe la maîtrise de la langue écrite, le goût pour la coopération, la capacité à structurer l’information échangée. Ainsi l’enfant expérimente-t-il la langue écrite comme outil de communication «vraie». Cette conception de l’écriture dans un but de communication a du sens pour l’enfant et change considérablement sa motivation et, par conséquent, son intérêt pour l’écriture même.
Nous avions déjà vu que l’ordinateur facilite cet aller et retour entre lire et écrire. Cette dimension est encore renforcée sur Internet où ces deux activités sont constamment liées : saisie de mots dans les moteurs de recherche, demande d’information par formulaire, rédaction de courrier électronique…
Nous avons constaté que le document hypermédia limite la séparation habituelle entre le lecteur et l’auteur. Sur Internet, cette coopération est intensifiée puisque le lecteur peut entrer en contact direct avec son auteur et inversement. Il se crée un véritable échange, enrichissant pour l’enfant qui a besoin de créer un rapport affectif avec ses lectures.
Effets positifs constatés
En Algérie, divers réseaux télématiques pédagogiques se sont développés grâce à Internet. Nous sommes entrés en contact avec plusieurs instituteurs qui croient aux vertus pédagogiques d’Internet dans l’apprentissage de la langue écrite afin de mieux évaluer leur utilisation du réseau et les effets qu’ils avaient déjà constatés sur l’apprentissage.
Recherche documentaire, correspondances entre élèves de classes et de pays différents, expérience d’écritures collectives, participation à la création et à l’enrichissement d’un site… les utilisations d’Internet en classe sont très diverses.
Que tous ceux qui redoutent une utilisation massive de l’ordinateur se rassurent : l’utilisation de la technologie n’est qu’une étape de la création qui est précédée par de nombreuses phases, de conception, de recherches, dans le cadre de projets collectifs où chaque enfant tient un rôle déterminé et développe son autonomie individuelle.
Suite à ces expériences en classe, tous les enseignants semblent unanimes : le réseau, parce qu’il encourage la diversification de productions soignées sur le plan linguistique et typographique, améliore les compétences en lecture et écriture.
Certaines observations semblent montrer que les compétences acquises par la lecture d’hypermédias sur Internet peuvent faire progresser les capacités de lecture en général.
Les «smileys» ou comment Internet a déjà bouleversé notre conception de l’écrit
Tous ceux qui communiquent par message électronique connaissent ces têtes faites de point virgule, deux points et parenthèses qui servent à «ponctuer» les messages. Entre lettre et téléphone, l’e-mail a su se trouver une place toute particulière dans notre façon de communiquer.
Le message électronique est informel et court comme un coup de fil mais l’écriture ne permet pas toujours d’exprimer les nuances de la voix. Les «smileys» sont là pour donner vie à l’écrit et indiquer à notre interlocuteur notre état d’esprit : déçu, triste, complice, content ou très content.
Avec Internet, une nouvelle façon d’écrire et de communiquer se dessine, ajoutant une nouvelle dimension iconographique à l’acte d’écriture.
Mais certains reprochent déjà à l’écriture via Internet ses abréviations à tout-va, ses tournures à la syntaxe douteuse, une grammaire et une orthographe revisitées, la disparition des accents… et redoutent que la généralisation du courrier électronique fasse oublier à certains les règles élémentaires d’écriture.
Internet est certes un formidable outil de communication mais ses qualités de valorisation de l’écrit restent sûrement à prouver.
Quand Internet invite
les enfants à écrire
Internet, en reliant les individus dans le monde entier, facilite les expériences d’écritures collectives. Celles dédiées aux adultes sont aussi diverses que variées, mais nous nous intéresserons uniquement aux sites qui invitent les enfants à écrire.
Les sites dédiés à l’écriture sur le Web sont bien plus nombreux que les sites de lecture interactive. La jeune génération est confrontée à la fois à la maîtrise de l’écrit et à la compréhension des nouvelles technologies. Les ateliers d’écritures sur Internet permettent de concilier ces deux notions. Le principe le plus couramment rencontré est de proposer à l’enfant le début d’une histoire dont il doit inventer la suite. Il rédige sa proposition par courrier électronique et a la satisfaction de voir sa proposition publiée sur le site auprès d’autres productions d’enfants.
C’est le principe de la Souris verte, «atelier d’écriture spécialement dédié aux enfants» qui propose plusieurs débuts d’histoire ou Thalia et les fleurs, site où chaque participant apporte sa contribution à l’histoire.
Ces pratiques sollicitent l’imaginaire de l’enfant, sa créativité et l’incite à produire un texte à la syntaxe impeccable, tout en déscolarisant l’acte d’écriture. Enfin… dans la théorie !
Dans la pratique, on constate que ces sites dédiés revendiquent clairement leurs objectifs pédagogiques et recherchent les partenariats avec les écoles.
C’est le cas d’Aglomérius qui propose des activités d’écriture sous contraintes (produire des textes en utilisant un certain nombre de mots imposés…) et fédère des classes sur ces projets.
Ces sites ont raison car les écoles sont à l’affût d’idées quant à l’utilisation des NTIC, mais ils sont aussi victimes de la mauvaise réputation que s’est forgé Internet à ses débuts.
On note encore une certaine réticence de la part des adultes dès qu’il est question d’utilisation d’Internet par les enfants. Propagandes, contenus peu recommandables… les parents préfèrent «garder un œil discret» sur leur progéniture quand celle-ci consulte Internet.
Pour se légitimer auprès d’un public adulte souvent méfiant (car souvent ignorant) ses sites préfèrent encore brandir la carte rassurante de l’éducatif.
Et ça marche ! Les écoles répondent positivement à ces invitations d’écritures collectives. Ces expériences sont, d’une part, motivantes pour l’élève qui apprécie le caractère ludique de l’activité et l’idée d’écrire pour être lu et, d’autre part, valorisantes car elles mettent en avant son école, sa classe et ses compétences personnelles.
De plus, ces pratiques rendent possibles des défis d’écriture intelligents entre classes (une école écrit un chapitre, une deuxième le second, etc.) et favorisent les échanges entre établissements.
Par contre, les sites qui revendiquent l’écriture plaisir se font plus rares. Même un site comme le Prince et Moi, à l’interface très attractive et ludique, ne cache pas ses objectifs : «Ce site a été spécialement conçu pour les enfants de 5 à 11 ans. Il propose des jeux interactifs et des activités stimulantes dans un cadre soigné et très coloré pour donner à l’enfant le goût de lire, d’écrire et d’accomplir ces activités avec les autres enfants du monde entier.»
Ici, c’est clairement aux parents que l’on s’adresse et surtout… qu’on rassure ! Au regard des productions qui encouragent la pratique de la langue écrite sur Internet, nous pouvons faire deux constats :
les expériences de lecture et d’écriture se généralisent sur le Web mais restent encore très attachées à des activités scolaires.
Alors que la pratique conjointe de la lecture et de l’écriture est vivement conseillée, il n’y a sur le Web «français» aucun site d’histoires interactives où lecture et écriture sont intimement liées. En Algérie, aucune production du genre n,’est à signaler. Au grand dam de l’apprentissage et de la culture de nos enfants.
Internet est donc une nécessité vitale dans le développement d’un enfant. Le rôle de l’adulte qui présente ces sites, les accompagne, les surveille et accorde une part d’autonomie est également capital. Internet peut aussi aider l’adulte à devenir parent. C’est ce qui est recherché dans les ludothèques où les parents peuvent, en accompagnant leur enfant, rencontrer d’autres parents, se rassurer auprès des autres lorsqu’ils se trouvent sans réponse devant des problèmes éducatifs.
Les NTIC peuvent tout à fait avoir une valeur éducative au sein d’une famille. Mais bien souvent, pour que tous les principes d’utilisation soient applicables par les enfants, les parents devront eux-mêmes faire quelques sacrifices.