20 janvier 2025

M6 repart en guerre contre sa concurrente TF1

Débarrassées de leur bouquet numérique TPS, fusionné avec son concurrent Canal+, TF1 et M6 peuvent poursuivre leur concurrence effrénée. M6 a saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel français (CSA) après l’annonce de la prise de participation de 33,5% de TF1 dans le capital d’AB Groupe. Selon le site spécialisé Satellifax du 5 janvier, la chaîne présidée par Nicolas de Tavernost a adressé, vendredi 22 décembre 2006, un courrier au CSA pour lui demander un examen approfondi des conséquences du rapprochement capitalistique entre TF1 et AB Groupe.
«La prise de participation de TF1 a pour effet, au-delà du marché de l’édition des chaînes, de renforcer la position de cette société sur le marché de l’acquisition des droits audiovisuels ainsi que sur le marché de la publicité télévisée», s’indigne M. de Tavernost, qui a demandé à être auditionné par le CSA sur ce dossier. Dans sa lettre d’une dizaine de pages «très bien argumentée», selon le CSA, M. de Tavernost consigne tous les arguments qui devraient conduire l’instance de régulation à s’opposer à cette opération.
M6 prétend que «les changements intervenus dans la composition du capital social de la société AB, détentrice d’autorisations TNT pour les chaînes NT1 et AB1, remettent en cause les engagements pris lors du rachat de TMC» détenu par TF1 (40%) et AB Groupe (40%). Enfin, la chaîne privée assure qu’à l’occasion de cette opération, TF1 détient «directement ou indirectement» huit autorisations de chaînes de la TNT, alors que la réglementation prévoit qu’une chaîne ne peut aller au-delà de sept. En plus de la Une, le groupe TF1 est présent au capital de TF6, Eurosport, LCI, TPS Star, TMC, AB1 et NT1.
En pratique, la saisine de M6 devrait rester sans effet. Lors de son entrée au capital d’AB Groupe, TF1 avait prévenu que cette opération ne pouvait être considérée comme «un changement significatif du capital» de la société de Claude Berda ; à l’époque, un simple rapprochement «économique» pour TF1, sans prolongement en termes de «pouvoir» dans AB Groupe. Déjà la direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCFR) a donné son feu vert à cette opération.
Le groupe de travail du CSA ne s’est réuni qu’une seule fois. Il ne devrait donner son aval qu’en mars, après le départ de son président, Dominique Baudis. Un assentiment qui pourrait être assorti de conditions. Le CSA devrait «faire appel à un expert extérieur» pour encadrer la prise de participation de TF1. Selon nos informations, l’instance de régulation ne devrait pas utiliser son «arme nucléaire», l’article 42-3 de la loi sur l’audiovisuel, qui prévoit le retrait de l’autorisation d’émettre.
Du côté du CSA, on se déclare «presque admiratif de la façon dont TF1 a changé son fusil d’épaule sur la TNT». D’abord adversaire déclaré du numérique hertzien, la Une pourrait devenir le premier groupe de la TNT gratuite avec quatre autorisations : TF1, TMC, NT1 et le canal bonus.
Les concurrents de la Une s’en inquiètent. BFMTV, NRJ 12 et Direct 8 ont annoncé, lundi 8 janvier, la création de l’association «les nouveaux entrants de la TNT». Leur principal objectif est d’obtenir le retrait du canal bonus pour les chaînes historiques. La virulence de M6 n’est pas due au hasard. Pour compenser l’érosion de l’audience des chaînes généralistes sur la TNT, M. de Tavernost mise sur une stratégie de groupe avec l’apport des résultats de W9.
Une démarche que TF1 n’aurait pu copier avec seulement 40% de TMC. Mais avec quatre fréquences, la Une devrait maintenir sa domination auprès des téléspectateurs comme des annonceurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *