21 septembre 2024

Se reconvertir pour survivre

Les cybercafés sont-ils voués à la disparition ? Cette question mérite d’être posée au vu des données actuelles et des menaces futures. Divisant les observateurs, l’avenir de ces établissements reste imprécis. Pour beaucoup, les cybercafés vont très naturellement vers la disparition, considérant que ces points de connexion n’ont représenté qu’une phase transitoire entre le début de l’ouverture de l’Algérie sur Internet et la généralisation de l’outil informatique et, donc, des possibilités de connexion au réseau mondial dans différents endroits et en particulier dans les foyers.
Certains estiment, sur un autre plan, que les premières prémices de la disparition des cybercafés sont apparues avec l’augmentation des tarifs des lignes téléphoniques. Une augmentation de tarifs qui a eu un effet immédiat sur un grand nombre de cybercafés. Certains d’entre eux ont tout simplement fermé boutique, voyant que leur activité n’était plus aussi rentable qu’au tout début.
Très encouragé par les autorités, mais connaissant une évolution assez peu rapide pour le moment, le projet OusraTic, dont l’objectif est de donner la possibilité à tous les foyers algériens de disposer d’un PC, devra, de l’avis de certains observateurs, sonner le glas des cybercafés. «La disponibilité d’Internet au niveau des foyers à des prix de moins en moins élevés et avec des formules alléchantes se substituera de façon très naturelle aux cybercafés», estiment ces observateurs. Il faut noter aussi que beaucoup de cybercafés, notamment à l’intérieur du pays, ne proposent pas encore les connexions ADSL, au moment où les foyers peuvent obtenir des connexions du même genre à des prix relativement abordables.
La disparition des cybercafés est donc, pour ces observateurs, une question de temps. Quelques années suffiront, d’après eux, pour qu’Internet se déplace de ces établissements aux foyers.
De l’autre côté, la vision est tout autre. Certains estiment en effet que les cybercafés, qui sont estimés aujourd’hui à quelques milliers, connaîtront certainement un phénomène de décantation, mais ne disparaîtront pas entièrement.
M. Younes Grar, président de l’Association des fournisseurs de services Internet (AAFSI), estime que les cybercafés «doivent impérativement s’organiser pour éviter la menace de disparition qui pèse sur eux», en précisant que «la meilleure méthode pour préserver les cybercafés est que ces derniers offrent des services autres que ceux liés à Internet».
Sur ce point, les défenseurs des cybercafés rejoignent leurs détracteurs de façon indirecte puisqu’ils parlent, à n’en point douter, de la disparition des cybercafés en tant qu’établissements exclusivement spécialisés dans les services Internet.
Il s’agit donc d’une véritable reconversion visant à assurer la longévité des cybercafés, à travers l’introduction d’un certain nombre de services à côté des connexions Internet qui pourrait ne représenter, dans certains cas, qu’une activité annexe. On parle en effet de transformer les cybercafés en des centres de formation assurant des cours rapides d’informatique ou liés aux services Internet. D’autres encouragent même ces établissements à proposer à la vente des téléphones mobiles et des cartes de recharge téléphoniques.
Pour certains, les cybercafés revêtent également une importance sociale, puisqu’ils sont devenus, estiment-ils, de véritables points de rencontre et d’échanges sociaux. C’est du moins l’avis de M. Younes Grar qui attire l’attention sur le fait que les cybercafés existent encore dans les pays occidentaux, même si Internet y est dans la plupart des foyers. Il avouera cependant que le nombre de cybercafés connaîtra une baisse durant les quelques années à venir.
La menace qui pèse sur ces commerces touche, à un moindre degré, les fournisseurs d’accès à Internet qui perdront, il faut le dire, bon nombre de leurs clients. C’est justement ce qui explique la véritable opération d’«accompagnement» opérée depuis quelque temps par les fournisseurs d’accès à Internet qui ont été, ne l’oublions pas, les premiers à encourager les cybercafés à s’organiser en association. Une association dont les premières assises ont été tenues en 2004, mais qui n’a toujours pas vu le jour.
La réduction du nombre de cybercafés, voire leur disparition, aura un impact sur l’activité même du fournisseur de services Internet, puisque celui-ci devra se concentrer davantage sur les entreprises qui, elles, ne risquent pas une disparition de masse.

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