14 février 2025

Une révolution tranquille à la conquête du monde

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) regroupent l’ensemble des activités de l’informatique et des télécommunications. Les TIC ont développé ces dernières années tous les moyens qui ont révolutionné notre vie, que ce soit au niveau de la communication ou des loisirs. Nous possédons encore des appareils pour téléphoner mais on se dirige désormais vers la 3G (troisième génération) où le contenu n’est plus exclusivement vocal. On en a eu les prémices avec le SMS, les sonneries et les téléchargements de jeux. Avec l’avènement de cette 3G et l’arrivée de l’UMTS, les cartes vont être redistribuées. Il y a eu une espèce d’euphorie, comparable à l’équipement en électroménager post-Seconde Guerre mondiale. Tout le monde s’est équipé. Le marché a atteint une croissance à deux chiffres et les constructeurs ont eu du mal à répondre à la demande. Ensuite, il s’est ralenti. Compte tenu des coûts inhérents aux licences, les analystes ont parlé de crise. Aujourd’hui, le SMS et les téléchargements de sonneries sont les premiers artisans du renouveau du téléphone. La grande leçon à tirer de ces dernières années, c’est que le mobile n’est pas seulement un outil pour téléphoner. On peut envoyer des images avec le MMS et de la vidéo avec l’UMTS. L’enjeu est donc cette capacité à produire du contenu. Le premier des contenus de demain sera personnel, émotionnel et affectif (envois de SMS et photos). Rien à voir avec le fixe dont tout le monde se sert. Il y a plein d’intervenants dans la téléphonie : opérateurs, constructeurs et fournisseurs de contenu… Ils se rassemblent autour d’un objectif commun : le consommateur. La population des 15-24 ans se reconnaît dans les valeurs de la téléphonie mobile. Ce sont d’ailleurs les jeunes qui s’approprient les marques et créent les tendances. Des études sociologiques en Angleterre ont montré que le téléphone mobile avait supplanté la cigarette en tant que symbole du passage à l’âge adulte pour les jeunes adolescents. L’apprentissage du mobile a été étonnamment rapide pour un produit aussi technologique. Le mobile apporte aussi un sentiment de sécurité à son détenteur pour faire face aux aléas du quotidien. On déclare d’ailleurs retourner plus volontiers chez soi pour récupérer son portable plutôt que ses papiers en cas d’oubli. Dans les grandes entreprises, les secteurs d’activité qui ont le plus recours au mobile étaient déjà les principaux utilisateurs de téléphonie fixe (banques, assurances). Les usages sont donc complémentaires. Il y a ainsi une utilisation du multimédia en constante progression même s’il faut reconnaître qu’il a fallu une nécessaire adaptation culturelle et technique.
{{Le mobile, un outil multi-usages}}
Il y a moins de cinq ans, y compris en Algérie, on assimilait le jeune homme attablé seul à une terrasse de café, téléphone mobile collé à l’oreille, à un «frimeur» qui veut faire bonne impression. Cette scène passe aujourd’hui presque inaperçue. L’utilité du mobile dans la sphère professionnelle ou l’univers privé n’est plus à démontrer. Jamais auparavant une technologie n’avait connu une adoption aussi massive en un laps de temps aussi réduit. Dans de nombreux pays, le nombre d’abonnés au mobile a dépassé celui des lignes fixes. La preuve : chaque foyer ne compte le plus souvent qu’une ligne de téléphone filaire mais presque autant de portables que d’individus. «Le portable a quitté le rayon des gadgets élitistes à la mode pour celui des biens personnels quasi indispensables, au même titre que la montre ou la voiture, comme réponse à l’exigence de rapidité et de mobilité des sociétés modernes», a écrit Karyn Poupée, journaliste, spécialiste des télécommunications et techniques audiovisuelles dans son livre «La téléphonie mobile» paru aux éditions PUF. Les progrès technologiques ont transformé le mobile en un outil multi-usages, voire multimédia. Vous n’avez plus besoin de rester bloqué devant la télévision pour regarder votre émission préférée ou d’emmener un appareil numérique en plus lorsque vous partez en vacances. Les exemples sont nombreux pour illustrer notre propos : l’opérateur français Orange diffuse les buts de la prestigieuse Ligue 1 de football et SFR a obtenu l’exclusivité des droits mobiles pour la Coupe du monde de football 2006. 60% des vidéos consultées sur son portail mobile sont liées à cet événement. Au total, plus de 120 000 clients de SFR se sont inscrits au service «Alertes Buts», dont 63% pour les alertes sur les résultats de l’équipe de France. «Nous avons lancé Nokia Nseries pour faire face à la croissance rapide du marché et nous avons déjà vendu près de 5 millions d’ordinateurs multimédia Nokia Nseries. Aujourd’hui, les consommateurs veulent un appareil qui leur donne accès à tout le contenu numérique, à tout moment, où qu’ils se trouvent, et à un prix raisonnable», souligne un communiqué de presse du constructeur finlandais.
{{Evolution technologique et multimédia}}
Le multimédia constitue un immense marché international qui positionne ses acteurs dans une situation à la fois de concurrence et de complémentarité. Ceux qui ne le maîtrisent pas risquent tout simplement d’être exclus et considérés comme des «laissés-pour-compte» sur le bord des autoroutes de l’information. Selon le directeur de marketing d’Orange, le téléphone mobile est un nouveau média «d’autant plus puissant qu’on l’a toujours avec soi. On ne s’en sépare jamais. C’est l’outil avec lequel on va jusque dans des endroits coupés du monde en termes de médias. C’est donc […] un média chaud qui maîtrise l’immédiateté car il est le seul capable d’alerter l’utilisateur en temps réel» (propos tirés du Figaro du 7 octobre 2004).
Au fil des générations, tous les composants des mobiles sont amenés à évoluer parallèlement. Quatre critères guident en permanence les travaux de recherche : la taille et le volume du terminal, son poids, la consommation d’énergie et le coût des composants. Le prix est également un facteur déterminant, même si le subventionnement des terminaux par les opérateurs (prise en charge partielle contre durée d’engagement), lorsque l’achat accompagne la souscription, fait sérieusement baisser l’addition. Dans ce cadre, Maroc Télécom a introduit les offres prépayées et les packs GSM depuis 1999. Les opérateurs algériens ont suivi un certain temps ce modèle pendant les phases de lancement et de conquête du marché. Plusieurs facteurs expliquent le succès du SMS : tous les mobiles sont compatibles, tous les réseaux GSM exploitent le même système de signalisation (SS7), ce qui permet aux messages de passer en toute transparence de l’un à l’autre (sous réserve d’interconnexion), la facturation à l’unité est claire et l’utilisateur maîtrise facilement sa consommation, le service est garanti (l’émetteur sait si son message est arrivé à bon port), la transmission s’effectue dès que le terminal destinataire est activé (veille ou occupé), mais la communication est asynchrone (le destinataire est libre de lire le message reçu quand bon lui semble) et, enfin, le SMS est plus discret, voire plus intime et plus respectueux qu’un coup de fil.
«La combinaison des communications mobiles et de l’incroyable potentiel de l’Internet est peut-être la combinaison technologique la plus puissante jamais développée. Dans les efforts que nous déployons pour construire et développer les réseaux et les services de demain pour permettre à l’humanité de réaliser tout son potentiel, nous devons nous attacher à rendre les communications mobiles universellement accessibles et abordables dans le monde entier», a écrit M. Yoshi Utsumi, secrétaire général de l’UIT.
Prenant conscience des enjeux, l’Algérie a été parmi les pays qui ont ouvert les services de la téléphonie mobile à la concurrence. Elle a accéléré la pénétration téléphonique en raison de la rapidité de la mise en place des infrastructures et de leur coût moins élevé par rapport à celui des infrastructures classiques (téléphone fixe). Le client devient l’objet de toutes les sollicitudes. L’Algérie agit pour tirer bénéfice des bienfaits que procurent les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le but clairement affiché par le gouvernement de participer à la construction de la société de l’information.
{{Les opérateurs descendent dans l’arène}}
Les télécommunications sont une composante de plus en plus vitale de la croissance économique. L’accès à la communication est aussi reconnu comme un droit élémentaire de l’homme. Les performances réalisées dans la téléphonie fixe n’ont été rendues possibles que grâce à l’introduction de la technique de desserte par voie radioélectrique (WLL) qui permet un raccordement plus massif d’abonnés dans des délais réduits.
Le but des réformes engagées dans le secteur en Algérie est de combler le retard et de faire de notre pays un grand marché attractif. Un message reçu 5 sur 5 par l’égyptien Orascom Télécom et le koweïtien Wataniya qui ont investi parce qu’ils ont vite compris que le marché algérien est juteux et plein de potentialités. Le PDG d’Orascom Telecom Holding, Naguib Sawiris, l’a clairement signifié en déclarant : «Je sais sentir où est l’argent.» (voir IT Mag n° 64 du 20 juin au 3 juillet 2005). Algérie Télécom et sa filiale mobile Mobilis font de la résistance. Le marché est caractérisé par l’influence prépondérante du marketing et de la publicité dans la gestion de ces entreprises. Mobilis, Nedjma et Djezzy se font la guerre à la télévision mais aussi dans les affiches collées dans les plus grandes artères. De nombreuses célébrités sont sollicitées pour apparaître dans leurs clips et influer le choix des consommateurs. Le processus d’ouverture du capital d’Algérie Télécom est engagé depuis longtemps. Cet opérateur est toujours à la recherche d’un partenaire stratégique pour espérer améliorer ses résultats. Il attend en tout cas le feu vert du gouvernement pour finaliser cette opération. Confrontée au désengagement progressif de l’Etat, Algérie Poste est à la recherche d’une stratégie efficace qui lui permette d’améliorer son image de marque et de miser sur les services postaux et les transactions électroniques. L’opérateur postal ne mène plus le jeu en solo. Il est concurrencé, entre autres, par DHL et UPS.
{{Perspectives prometteuses}}
Le parc national de la téléphonie mobile a atteint plus de «18,5 millions d’abonnés à fin juillet 2006, soit une densité téléphonique mobile estimée à 56,04%». Ce sont des chiffres avancés par le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Boudjema Haïchour, lors d’un récent déplacement à l’intérieur du pays. Il a annoncé également que le marché national de la téléphonie fixe, au 30 juillet dernier, a enregistré «une bonne croissance» avec un nombre d’abonnés global estimé à plus de «2,696 millions». Algérie Télécom comptabilise «2,676 millions» de lignes et le second opérateur, Lacom, en compte «20 133». Par ailleurs, les grands équipementiers sont présents sur le marché (Siemens, Alcatel, Nokia et Ericsson). La connectivité au téléphone est fondamentale car elle conditionne dans de nombreux cas la connectivité à l’Internet. Mais les enjeux touchent aussi à la fabrication des équipements et au développement des logiciels sans lesquels nous serons toujours considérés comme de bons consommateurs. Les NTIC, outre qu’elles modifient notre rapport à l’information et au savoir, exigent de nous de participer, d’être interactifs, de ne plus absorber mais de sélectionner les programmes disponibles, voire les produire nous-mêmes. Certains l’ont bien compris et se livrent déjà une gigantesque bataille à l’échelle planétaire, notamment par la maîtrise du contenu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *