«Il existe des faits qui ont été rapportés et que la science approfondit.» Voilà ce à quoi s’en tient la communauté scientifique lorsqu’il s’agit d’apporter une réponse à la problématique posée par les ondes électromagnétiques émises par les téléphones mobiles et les stations relais qui les desservent. Invitée du Club de presse de l’Institut Nedjma afin d’y animer un exposé sur le rapport existant entre téléphonie cellulaire et santé, le 7 septembre dernier, le docteur Salima Magmoun, médecin spécialiste en charge du dossier des rayonnements au ministère de la Santé, insiste «sur la probabilité infime» qu’un risque sanitaire puisse émaner de l’usage du téléphone mobile à cause des champs électromagnétiques qu’il dégage. S’appuyant sur une étude allemande, elle affirme que «la densité ou la puissance des fréquences hertziennes dont sont à l’origine les mobiles ou les stations de base est égale ou inférieure à ce qui est produit par les stations de télévision». Toujours selon une étude allemande, «il n’est pas possible de dépasser les normes admises». De plus, un combiné émet des ondes seulement lorsqu’il reçoit un appel ; en «activité», l’intensité des émissions électromagnétiques varie entre 0,2 et 0,6 watts sachant que le plafond admis est de 100 watts, puissance qui caractérise l’accentuation des faisceaux dégagés par une antenne relais. Pas de danger apparent ni de risque avéré, toutefois le Dr Magmoun préconise le respect des recommandations régissant l’installation et le déploiement de ce genre d’équipements, notamment une hauteur de 15 à 50 mètres qui doit exister entre l’antenne et son socle, que ce soit au-dessus d’une construction, d’un pylône ou toute autre surface susceptible d’accueillir une BTS. Evidemment, sont exclus hôpitaux et zones réputées ultra sensibles aux variations hertziennes à cause de l’interaction que peuvent provoquer les équipements électriques qui eux-mêmes dégagent des ondes électromagnétiques. C’est pour cette raison que les fabricants et équipementiers, reposant sur la législation de leurs pays d’origine, la plupart situés en Europe, déconseillent, voire interdisent l’usage du téléphone à côté d’équipements médicaux tels que pacemakers ou instruments de réanimation.
Revenant sur la description du champ électromagnétique, le Dr Magmoun dira que «contrairement aux rayons X, les ondes émises par les appareils de téléphonie ne sont pas ionisants, donc aucunement radioactifs». Aussi, «parce que les ondes que produit une antenne relais se déversent au ras du sol, donc parallèles à la surface, l’intensité est très faible et ne représente qu’une fraction de la limite supportable», précise-t-elle. Néanmoins, malgré toutes ces affirmations, il se trouve que les hypothèses et autres suppositions quant aux effets pervers et nocifs des ondes électromagnétiques sèment le doute dans les esprits. «Fatigue, état dépressif, céphalée, sommeil déstabilisé, anxiété, réduction de la libido chez certains individus ; beaucoup a été dit et écrit sur les conséquences négatives suspectées de la téléphonie mobile mais, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a aucune confirmation scientifique, avec des arguments solides et indiscutables», avertit le Dr Magmoun. D’ailleurs, «des études épidémiologiques récentes n’ont pas trouvé de preuves concluantes d’une augmentation du risque du cancer ou de toute autre maladie en relation avec l’utilisation de téléphones mobiles». C’est du moins un rapport de l’Organisation mondiale de la santé qui le cite et dont l’Algérie s’inspire vu que, regrette le Dr Magmoun, «en termes de recherche, nous ne sommes pas là». «Bien que nous disposions des qualifications humaines nécessaires pour mener nos propres études épidémiologiques dans le contexte qui est le nôtre, il faut tout de même de gros moyens appropriés que nous n’avons pas encore.» Le seul élément nouveau qui régit l’organisation et les procédés de déploiement des équipements de radio-transmission, c’est un décret interministériel, cosigné par les ministères de l’Intérieur, de la Défense nationale et de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, qui décrit les zones dans lesquelles doivent être montés les appareils qui émettent des fréquences hertziennes. S’adressant aux sceptiques et aux personnes qui ont de forts soupçons quant aux méfaits de la téléphonie mobile, le Dr Magmoun conseille «d’abréger le temps des communications ou d’utiliser un dispositif mains-libres, l’essentiel étant de tenir éloigné le combiné de la tête, où les tissus subissent des échauffements dus aux rayonnements électromagnétiques». Mais rien de plus important comparativement à l’échauffement qu’induit un sèche-cheveux ! A titre préventif, elle suggère également que soient érigés des barreaudages autour de l’emplacement des BTS afin que personne ne s’en approche et, dans une logique de civisme, encourage la concertation et le débat entre les parties concernées quand une antenne doit être placée dans une zone habitée. Enfin, l’OMS avait lancé un projet à l’échelle internationale «pour l’étude des champs électromagnétiques dans le but d’apporter une réponse objective et scientifiquement validée aux préoccupations du public». Selon le Dr Magmoun, les résultats seront connus en 2007 et, à partir de ce moment, les gouvernements, y compris en Algérie, pourront élaborer «des programmes de gestion de risque pour protéger la santé publique». Ce qui est certain et admis de tous, c’est que téléphoner au volant, même en recourant à un kit oreillettes, est très dangereux car le conducteur voit son attention, donc sa vigilance, réduite au point d’en mourir en provoquant un accident.