Il a beau être généraliste mais le 3GSM reste le plus grand rassemblement de la région Europe-Afrique-Asie. Gigantesque. Huit halls énormes, des centaines de mètres entre les différents halls et tout au long de la grande avenue, des bus de démonstration… D’après les organisateurs, plus de 53 000 personnes sont venues au 3GSM avec près d’un millier d’exposants qui ne parlent que de partenariat. Le marché, c’est le monde, et personne ne peut l’adresser tout seul. Alors tous ont compris : on se met en partenariat car le défi de la téléphonie mobile n’est plus de transmettre la voix, mais aussi la photo, l’image, la vidéo, les données. Mais il a mal commencé. D’abord, un froid de canard et une chaîne «monstre» pour récupérer son badge que l’on n’a pas pu récupérer car le système informatique mis en place disait «badge déjà livré». Il a fallu quelques heures pour que tout rentre dans l’ordre et enfin nous avons pu récupérer notre Sésame. Mais ce n’est pas fini. On se dirige rapidement vers la salle de presse et… stupeur : la salle de presse où se pressent des dizaines de journalistes a été privée d’électricité pendant plusieurs heures. Pas d’Internet, pas de machines, à part quelques journalistes qui avaient un portable avec une batterie pleine. Après l’attaque des virus pour Canne de l’année dernière, 2006 sera l’année où il n’y a pas eu de «jus». D’après le technicien français que nous avons rencontré sur les lieux, «l’endroit est inapproprié et, de plus, il faut davantage de blocs d’alimentation». Il a fallu attendre la fin de la journée pour que la salle de presse soit enfin alimentée en électricité.
{{Nokia, l’incontournable}}
Selon des chiffres communiqués, 34% des appareils vendus à travers le monde en 2005 sortent des usines de Nokia. L’année précédente, près de 800 millions de combinés (toutes marques confondues) ont été absorbés par le marché. Question multimédia, en 2006, Nokia estime ses ventes à près de 80 millions d’appareils avec un lecteur de musique intégré, 40 millions d’appareils 3G/WCDMA ainsi que 150 millions où la radio FM sera intégrée.
De plus, Jorma Ollila, CEO de Nokia, lors d’une conférence de presse à Barcelone, parle de convergence… à la maison grâce à l’UMA. Opérateurs et fabricants n’ont qu’une idée en tête : proposer à leurs clients un combiné utilisable à la maison avec le réseau fixe, et en mobilité. Pour l’abonné, la valeur ajoutée est évidente : un seul numéro, une seule messagerie, une seule facture. Et Nokia dans ce cadre lance le 6136 qui permet d’accéder à des services vocaux et de données mobiles via les réseaux GSM et WLAN (Wi-Fi). Et cette technologie s’appelle UMA (Unlicensed Mobile Access), qui prend en charge le transfert transparent et sans coupure des connexions vocales et de données entre les réseaux cellulaires GSM, EDGE et WLAN (Wi-Fi). Pour sa part, le WiMax est en train de prendre une très grande ampleur en Europe. Tous s’accordent à dire que le Wimax est l’avenir.
De plus, Jorma Ollila affiche ses ambitions et table sur 40 millions de mobiles 3G /WCDMA vendus cette année, sur 80 millions de combinés équipés de baladeurs musicaux et sur plus de 150 millions de téléphones dotés de la navigation radio FM. Ce dernier a en outre profité du 3GSM de Barcelone pour présenter trois autres nouveaux combinés. Le 6070, un combiné de milieu de gamme doté d’un appareil photo. Il sera vendu 135 euros. Le 6131, doté d’un capteur photo de 1,3 mégapixels, du Bluetooth et d’un lecteur de musique : 275 euros.
{{Microsoft mise sur la mobilité}}
«Nous sommes sur le point d’insuffler une nouvelle dynamique de croissance à l’industrie des services de communication mobile», a déclaré Steve Balmer. «Afin de croître, l’industrie du sans-fil doit apporter des solutions ??end-to-end » et des services novateurs. Nous créons de nouveaux outils pour le faire.».L’annonce la plus importante concerne Microsoft Office Communicator Mobile, pour Windows Mobile 5, qui apporte «aux utilisateurs professionnels les avantages d’une solution d’entreprise et des capacités de collaboration en temps réel». Il s’agit en fait de proposer une solution de messagerie instantanée sécurisée avec téléphonie intégrée en voix sur IP et service de conférences et de communications unifiées. De quoi venir titiller Skype… Un outsider qui montre des dents : Microsoft, avec un stand de près de 2 000 mètre carrés, où pratiquement toutes les vingt minutes se déroule une exposition. On l’avait compris dans le dernier salons aux Etats-Unis où Bill Gates «himself» montrait un mobile, au 3GSM de Barcelone. On voit la force de frappe de ce géant américain. Microsoft ne se contente pas d’attendre. Il attaque. En effet, la firme mise beaucoup sur le «push-e-mail» et annonce la montée en puissance de ses services (MSN) et outils (Media Player) chez les opérateurs et les fabricants de mobiles. Question chiffres, selon Peter Knook, «senior VP» de la division mobilité de Microsoft, 5 millions de terminaux équipés de Windows Mobile ont été écoulés en 2005. 102 opérateurs et 47 fabricants dans le monde proposent une centaine de combinés intégrant le système d’exploitation dédié du groupe.
Microsoft s’est également associé avec Texas Instruments afin de mettre au point un chipset plus économique (Singlecore Chipset) permettant de faire baisser le coût de production des combinés. Le français Sagem devrait être l’un des premiers à l’intégrer dans ses combinés.
{{3G}}
Tous les industriels en sont persuadés : la 3G devrait très rapidement s’imposer, grâce à l’arrivée de la technologie de transmission de «paquets» à très haut débit dite HSDPA. Techniquement, le HSDPA fait appel à la capacité non utilisée par le protocole 3GPP/R99 (UMTS). En d’autres termes, il suffit de rehausser le logiciel («upgrade») sur les contrôleurs (RN) afin de permettre aux relais de supporter ce nouveau protocole de transmission de «paquets». La mise à jour des équipements peut donc se faire rapidement, les délais de déploiement seront donc courts. Il n’y a pas d’équipements ni d’infrastructures à remplacer.
La première annonce vient du pays de l’Empire du Milieu, où Wang Jianzhou, Chairman et CEO de China Mobile, qui a été très clair : «Le HSDPA sera prêt pour les jeux Olympiques de Pékin.» A prendre très au sérieux. Dans le domaine de la R&D, la Chine a non seulement fait des pas de géants mais imposé des normes (WCDMA).
{{Afrique}}
C’est un Mohamed Ibrahim, PhD. Chairman, sourire aux lèvres, qui parle de sa compagnie CelTel qui a investi plus de 750 millions de dollars en Afrique dans 14 réseaux télécoms : GSM (Burkina Faso, Congo, Gabon, Kenya, Madagascar, Malawi, Niger, Ouganda, Sierra Leone, Soudan, Tanzanie, Tchad, Zambie…). Il commence par : «Vous savez, nous sommes un opérateur télécoms mais, en Afrique, nous faisons d’autres choses comme par exemple remplir de carburant les générateurs pour les BTS pour qu’elles ne s’arrêtent pas, ce qui n’est pas le cas ici en Europe.» Il parle de réussite, d’emplois, de confiance et surtout d’espoir et d’avenir. Par son franc-parler, toute la salle s’est tue et écoute religieusement ce qu’il dit. Il parle d’ARPU, de coût du terminal, de minute de communication et de pourcentage d’Africains qui peuvent être connectés. Il termine tout simplement en disant : «L’Africain a aussi besoin de communiquer que l’Européen mais d’une autre manière et surtout moins cher.» Pour la GSMA -l’Association des opérateurs GSM- qui vient de conclure pour la deuxième fois avec Motorola -12 millions de terminaux- dans le cadre du EMH -Emerging Market Handset- un programme structuré autour du terminal à bas prix, renforce ses rangs et se met en position d’acheteur en faisant du lobbying très fort. Il faut savoir que la GSMA est composée des plus grands réseaux GSM du monde, à l’exemple de l’Inde, la Chine, Orascom et autres.
{{Rencontre…}}
Il aurait été impossible de ne pas rencontrer dans une grande foire les représentants des trois opérateurs qui exercent en Algérie. André Halley, CEO de Wataniya, nous parle de «Wimax, de multimédia et d’autres promotions que Nedjma va mettre sur le marché». A propos du nouveau tarif de 5 dinars les 30 secondes, le patron de Nedjma ajoute : «Nous avions de très bons tarifs mais ils étaient mal compris. Aussi avons-nous décidé de mettre un seul tarif pour tout les réseaux.»
Pour M. Kabbani, que nous avons rencontré dans le hall 8, «c’est énorme le 3GSM et OTA ne pouvait pas ne pas venir voir ce qui va se faire dans l’avenir». A la question de savoir pourquoi avec plus de BTS que son concurrent les résultats de l’audit électronique sont en sa défaveur, il répond de go : «Nous respectons les décisions de l’ARPT mais nous n’arrivons pas à comprendre que, avec plus de 3 000 BTS, nous avons un QoS inférieur.»
En conclusion, le 3GSM Worl Congress est une plateforme immense permettant à tout les visiteurs de voir et de pouvoir faire des prévisions sur les technologies qui vont être mises sur le marché. Et Barcelone sera, pour au moins les cinq prochaines années, le centre du monde pour la 3G.