11 septembre 2024

“Nous visons 2,5 millions de porteurs de cartes monétiques à fin 2006”

IT Mag : Partant du principe qu’Algérie Poste doit être le «fer de lance» de la monétique, qu’allez-vous faire sur uniquement 2006 ?
Melle Ghania Houadria : Etant donné que nous avons déjà démarré notre projet en octobre 2005, avec la mise en place de la «grosse artillerie», notamment les gros systèmes, les grandes infrastructures, il est question à présent de se déployer et d’entamer les opérations de commercialisation. Donc l’année 2006 sera consacrée à la commercialisation du produit monétique, qui est la carte électronique. Et à ce propos, nous comptons atteindre les deux millions et demi de porteurs de cartes à la fin de l’année. Cela d’une part. D’autre part, il s’agira d’étendre le réseau des GAB (guichet automatique de banque), car il faut savoir que ceux-ci ne sont pas que des distributeurs de billets mais se substituent, en quelque sorte, aux guichets qu’on trouve dans les bureaux de poste vu toute la panoplie de services qu’ils offrent. A l’heure actuelle, nous en sommes à 200 GAB déployés alors que 200 autres vont l’être prochainement puisque leur acquisition est imminente. Ce qui en fera 400. En plus d’un autre volume de 200 qui va être lancé d’ici à la fin du premier semestre. Et chaque fois que 200 GAB sont déployés, on passe à l’acquisition de 200 autres à mettre en service.
Quel est votre objectif ?
Il est bien clair pour nous qu’on doit accroître le nombre de porteurs. Actuellement, on en est à 200 000 à peu près, dont le plus gros représente la carte à piste (de retrait), et nous comptons les porter à 2,5 millions d’ici à la fin de l’année. C’est l’objectif que nous nous sommes fixé et que nous espérons même dépasser.
Des porteurs de cartes de paiement ?
Il est vrai qu’il faut rappeler qu’on dispose aujourd’hui de deux types de cartes : la carte de retrait et celle de paiement. La première, qui est propre à Algérie Poste, sert uniquement au retrait mais elle est interbancaire, car il est possible de retirer de l’argent de tous les guichets automatiques de banque aussi bien ceux appartenant à Algérie Poste que ceux dont disposent les banques. La carte de paiement, pour sa part, est déclinée en deux catégories, la carte Classic et la carte Gold, dont la différence se situe dans le seuil de débit autorisé dans l’une comme dans l’autre. Et ces deux cartes là sont fournies à la demande du client car elles sont payantes. Il faut savoir aussi que ce sont des cartes en liaison avec le déploiement des terminaux de paiement vu ses usages qui permettent aussi bien le retrait d’argent que le paiement.
Et pour ce qui est de la carte de retrait…
Cette gamme de carte va être donnée systématiquement à tous les clients CCP. C’est-à-dire aux 7,5 millions de détenteurs de comptes chez nous, mis à part certaines entreprises, les comptables… Mais le client particulier, même celui qui exerce dans certaines professions libérales, aura droit à une carte de retrait gratuitement. D’autant plus que cette dernière sera considérée comme une «carte d’identité» qui sera utilisée par le client au niveau des guichets, lui facilitant son identification pour effectuer des opérations sur son compte. Cependant, si ce client, qui dispose déjà de sa carte de retrait, désire se porter acquéreur d’une carte de paiement, il peut en faire la demande par l’intermédiaire de notre réseau et elle lui sera délivrée selon la procédure y afférente.
Quelle est la procédure ?
La demande pour une carte de paiement se fera au niveau d’un bureau de poste. Il y a des imprimés que le client est appelé à remplir ensuite son dossier est transmis puis traité à travers notre réseau informatisé. Même la remise de la carte se fait par ce même réseau. D’ailleurs la carte n’est active que si le bureau de poste a bien introduit dans notre système l’information selon laquelle celle-ci a bien été remise à son demandeur. Toutefois, au-delà de la procédure elle-même, il existe, au moment où les informations concernant le futur détenteur sont saisies dans notre réseau informatique, ce qu’on appelle un «scoring» (littéralement «marquage», NDLR), déterminé par le système, qui consiste à voir si le client est éligible ou non, car il ne suffit pas de mander sa carte pour l’obtenir. Il faut que le client ait un certain crédit dans son compte, qu’il dispose d’une rentrée d’argent d’un certain montant et surtout qu’il ait une disponibilité dans ce compte, c’est-à-dire qu’il ne le vide pas automatiquement. Et ce «scoring» s’effectue sur l’historique des retraits auxquels il a procédé mais aussi l’historique des versements opérés. Il déterminera d’abord si le client a droit à la carte de paiement et si oui, s’il s’agira d’une carte Classic ou d’une Gold. Et cette information est donnée à l’intéressé systématiquement et immédiatement au niveau du guichet. Et supposons qu’il a droit à une carte Gold mais qu’il préfère une carte Classic, on inscrira la requête et la demande est instantanément traitée.
A quel niveau la carte de paiement est-elle fabriquée ?
C’est la Société algérienne des transactions interbancaires et monétiques (SATIM) qui fabrique les cartes et ce n’est pas nous qui le faisons. Le fichier est envoyé au lendemain de la commande à la SATIM qui dispose d’un volume de personnalisation de 8 000 cartes par jour mais, selon elle, elle peut faire face à la demande pour peu que celle-ci soit importante. Car d’après nos estimations, il va falloir produire au moins 20 000 cartes quotidiennement si l’on veut atteindre le maximum de notre clientèle.
Selon vous, quelle est la proportion des gens éligibles à une carte de paiement ?
En général, si l’on prend en considération les salariés, ceux qui ont un compte actif et qui utilisent le CCP, donc qui recourent au chèque, on n’atteint pas les 100 000 mais nous ne nous sommes pas trop fiés à cette donnée vu le peu d’engouement que connaît le chèque, notamment pour des raisons de fiabilité. Mais demain si on met en place un système fiable, il est certain qu’il y aura plus de clients éligibles. Mais on considère que 12 à 15% de l’ensemble des comptes existants ouvrent droit à une carte de paiement, et donc éligibles. Cependant, il faut savoir que les gens retirent souvent tout leur argent en une seule traite et avec la mise en place de la carte, il aura la possibilité de retirer en plusieurs fois son argent, et donc un nouveau comportement s’installera de lui-même et à partir de ce moment là, quand nous referons notre «scoring», il est sûr que le taux d’éligibilité va aller crescendo.
Combien le citoyen doit-il débourser pour sa carte de paiement ?
Aujourd’hui le tarif est de 700 dinars. Par an. C’est un abonnement annuel dans lequel le coût réel de la carte ne représente rien car ce prix là concerne particulièrement la gestion de son compte.
Et s’il perdait sa carte ?
S’il arrive qu’il égare sa carte, il paiera 400 dinars pour son renouvellement. Et il s’agit toujours de frais occasionnés dans l’acheminement, la réfection d’une nouvelle carte… car derrière il y a tout un travail et toute une logistique sauf que le client est déjà connu et donc nous n’allons pas tout refaire depuis le début. C’est la même que ce qui se produit quand on perd sa puce de téléphone. Autrement, la carte à piste, celle de retrait notamment, nous revient entre 25 et 30 dinars quand on l’achète vierge. Et si celle-ci est personnalisée, elle nous coûte entre 40 et 45 dinars selon que le volume de commandes est important. Et la carte à puce (carte de paiement) est tout de même un peu plus chère.
{{Pour en revenir à la carte de paiement par laquelle s’identifiera l’utilisateur, avez-vous songé à d’autres systèmes dans ce sens, comme la biométrie ?}}
Ce procédé pose problème car il faut collecter les empreintes digitales de 7,5 millions de détenteurs de CCP. De plus, c’est tout un système de contrôle à instaurer et tout un travail derrière qui doit se faire et qui n’est pas évident. Bien sûr qu’on a pensé à ça mais vous devez savoir que beaucoup de clients n’effectuent pas leurs opérations eux-mêmes et qu’ils en délèguent d’autres pour ce faire. Et nous n’avons pas encore de garantie sur la procédure à mettre en place pour contrôler réellement chaque usager.
Voulez-vous nous décrire votre infrastructure de monétique et ses performances…
Le système qui a été acquis comprend trois machines. La machine de production, la machine de test et la machine «back-up». Cette dernière est installée au sud du pays et son rôle réside dans le fait que si jamais le site a un problème, la reprise du système et sa continuité sont assurées à «froid», c’est-à-dire que tout ce qui se fait ici au niveau central, notamment dans le système de production, est reproduit en J+1 en reprenant puis en mettant à jour les données qui ont été en instance et le fonctionnement du système repart. Par contre, sur le site de production, il existe une reprise à «chaud», autrement dit des systèmes qui sont doublés, c’est ce qu’on désigne par le vocable de «système de clustering», qui mettent en scène plusieurs processeurs qui fonctionnent et si jamais il y en a un qui tombe en panne, le relais est immédiatement assuré par un autre, «à chaud», dans le but d’avoir une continuité de service. Le site de production (à Birtouta) est également relié à notre base de données clientèle (au 1er Novembre) par fibre optique, de même que nous avons mis en place un système de faisceaux hertziens pour parer à d’éventuelles coupures et nous disposons même d’une liaison satellitaire pour compléter tout ce dispositif et être à l’abri de tout incident au niveau de la communication entre les différents points de notre système.
Combien vous a coûté la mise en place de tout ce système ?
En englobant tout ce qui est matériels, machines, les GAB, le système lui-même, les logiciels, la formation, etc., on tourne autour de 1 milliard de dinars.

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